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beIN Sports sous pression : la polémique autour de l’horaire Bayeux-OM secoue la Coupe de France
Depuis plusieurs jours, une tempête médiatique fait rage autour de beIN Sports, diffuseur exclusif de la Coupe de France à la télévision. Le déclencheur ? L’organisation d’un match des 16es de finale opposant l’USL Dunkerque (National) au Paris Saint-Germain, initialement programmé un mardi soir — une date inhabituelle pour un match à élimination directe dans cette compétition historique. Mais ce n’est pas tant le jour qui pose problème que la perception d’un manque de considération pour les supporters, les clubs amateurs et l’héritage même de la Coupe de France. Face à une vague de critiques virulentes, les dirigeants de beIN Sports ont réagi avec fermeté, dénonçant des « polémiques infondées » et affirmant ne pas être responsables des calendriers.
Cette affaire, bien que centrée sur un seul match, révèle des tensions plus profondes entre les acteurs du football français : clubs professionnels, fédération, diffuseurs et surtout supporters. Elle soulève aussi des questions cruciales sur le rôle des médias payants dans la préservation du caractère populaire et festif de la Coupe de France — un événement qui, par définition, doit rester accessible à tous.
Récentes déclarations et chronologie des faits vérifiés
La polémique a éclaté officiellement après la publication du programme TV des 16es de finale par la Fédération française de football (FFF). Selon le communiqué publié le 23 décembre 2024 sur le site officiel de la FFF, le match USL Dunkerque – Paris Saint-Germain était initialement prévu un mardi 7 janvier 2025 à 21h05, diffusé en exclusivité sur beIN Sports.
Cette annonce a immédiatement suscité une vive réaction de la part des supporters du club du nord, mais aussi de nombreux observateurs du football. Programmer un match crucial de Coupe de France un mardi soir — jour ouvrable, sans tradition sportive forte en France — est perçu comme un affront au cœur même de la compétition : son ouverture aux clubs amateurs et sa dimension communautaire.
Face à la pression croissante, le patron de beIN Sports, Marc Streitenberger, s’est exprimé dans une interview à RMC Sport le 23 décembre. Il a déclaré :
« Je suis fatigué de ces polémiques. On ne peut pas tout faire plaisir à tout le monde. »
Il a ajouté que beIN Sports n’avait « aucun pouvoir sur les dates », ces dernières étant fixées conjointement par la FFF, la LFP et les partenaires audiovisuels.
Un point confirmé par L’Équipe, qui relaie une réponse officielle de la chaîne :
« Nous ne sommes ni l’organisateur ni en charge des calendriers. Notre rôle est de diffuser les matchs dans les meilleures conditions possibles. »
À ce jour, aucune modification du programme n’a été annoncée, bien que des discussions internes soient en cours entre la FFF et les clubs concernés.
Contexte historique : pourquoi la Coupe de France est-elle si sensible à ces questions ?
La Coupe de France, fondée en 1917, est bien plus qu’un simple tournoi footballistique : c’est un symbole national. Son principe fondateur — permettre à n’importe quel club, même amateur, de croiser le fer avec les géants du football — en fait un événement unique en Europe. Les « petits poissons » comme Bayeux, Quevilly ou encore Les Herbiers ont marqué l’histoire en éliminant des clubs de Ligue 1, souvent lors de soirées mémorables diffusées à la télévision gratuite.
Or, depuis que beIN Sports a obtenu les droits exclusifs de diffusion en 2016 (renouvelés jusqu’en 2028), une fracture s’est creusée entre l’esprit originel de la compétition et sa réalité médiatique actuelle. Diffuser sur une chaîne payante limite l’accès au grand public, tandis que le choix des horaires — souvent dicté par des contraintes logistiques ou commerciales — peut sembler déconnecté des réalités locales.
Par exemple, programmer un match un mardi soir complique considérablement les déplacements pour les supporters d’équipes comme Dunkerque, dont les abonnés viennent souvent de villes voisines ou même de Belgique. Sans trains de nuit ni transports adaptés, nombre d’entre eux renoncent à se déplacer — ce qui nuit à l’ambiance sur place et à la valeur symbolique du duel.
De plus, cette situation rappelle d’autres controverses passées : en 2022, la finale avait été reportée à 21h pour des raisons de diffusion internationale, suscitant des critiques similaires. Le modèle économique actuel, centré sur les droits TV, tend à privilégier l’audience globale plutôt que l’expérience locale — un paradoxe pour une compétition née dans les stades de banlieue.
Impacts immédiats : supporters, clubs et image de marque
Les conséquences de cette polémique dépassent largement le cadre d’un simple match. D’un côté, les clubs amateurs se sentent marginalisés. Pour eux, la Coupe de France représente souvent leur seule chance de jouer devant un large public et de générer des revenus significatifs via les droits de diffusion et les affluences. Un mauvais placement horaire réduit drastiquement ces opportunités.
De l’autre, beIN Sports subit une pression image importante. La chaîne, déjà critiquée par le passé pour ses tarifs élevés et son accès limité (moins de 3 millions d’abonnés en France), voit son rôle remis en question. En se positionnant comme simple « diffuseur » et non comme partenaire actif de la compétition, elle risque de perdre en légitimité auprès des fans.
Les réseaux sociaux sont inondés de messages indignés. Des hashtags comme #RespectLaCoupe ou #BayeuxOM circulent activement, avec des supporters qui organisent des projections publiques gratuites pour contourner la barrière payante. Certains clubs amateurs ont même appelé à un boycott symbolique des abonnements beIN Sports.
Sur le plan économique, la FFF est prise en tenaille : elle dépend des revenus issus des droits TV (environ 40 millions d’euros par an pour la Coupe