intermarché
Failed to load visualization
Le loup d’Intermarché : entre succès viral et polémique éthique
Depuis le début du mois de décembre 2025, une publicité de Noël diffusée par Intermarché a envahi les écrans, les réseaux sociaux et les discussions familiales. Au centre de ce spot : un loup solitaire, mal aimé des autres animaux, mais finalement accueilli autour d’un festin de Noël. Ce conte moderne, à la fois touchant et symbolique, a cumulé près d’un milliard de vues en quelques semaines — un record pour une campagne publicitaire française. Mais derrière ce succès planétaire se cache une controverse croissante, portée par des associations de défense des animaux et des questions d’éthique environnementale.
Cet article explore les racines de cette campagne, les réactions qu’elle a suscitées, et ce que son succès révèle sur l’état de la société française face aux enjeux climatiques, à la consommation responsable… et à la puissance du récit.
Une campagne qui a tout pour plaire (et déranger)
La publicité d’Intermarché, diffusée à la télévision, sur YouTube et les réseaux sociaux, raconte l’histoire d’un loup rejeté par la forêt parce qu’il est « différent ». Pourtant, lors du repas de Noël, les autres animaux décident de l’inviter, brisant ainsi les préjugés. Le message implicite ? L’inclusion, la générosité… et surtout, les produits frais et locaux d’Intermarché, présentés comme les héros discrets du festin.
Le spot, réalisé par l’agence Publicis, a été salué pour son esthétique cinématographique, sa bande-son émouvante et son ton poétique. Il a rapidement dépassé les frontières : des internautes du Brésil à la Thaïlande ont partagé leur émotion. Selon Le Figaro, Gabriel Grapperon, conteur numérique et expert en viralité, a déclaré :
« Le succès du loup mal-aimé est un énorme cadeau de Noël. C’est rare qu’une marque parvienne à créer un personnage aussi universel et touchant. »
Pourtant, ce succès n’est pas passé inaperçu des regards critiques.
Une plainte officielle : quand la pub devient mensongère
Malgré son côté fable, la campagne d’Intermarché a attiré les foudres de plusieurs organisations. L’association Bloom, spécialisée dans la lutte contre la pêche destructrice, a déposé une plainte officielle auprès de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP). Selon Reporterre, le média de l’écologie, Bloom accuse Intermarché de publicité mensongère.
Pourquoi ? Parce que le spot présente un monde rural idéalisé, où les produits sont frais, locaux et respectueux de l’environnement. Or, selon Bloom, les pratiques réelles de l’enseigne en matière de pêche industrielle et de surpêche ne correspondent pas à cette image. L’association souligne que Intermarché continue de vendre du poisson issu de méthodes destructrices, comme la pêche au chalut de fond, qui menace les écosystèmes marins.
En parallèle, l’association Les Amis des Poissons a également porté plainte, comme le rapporte 20 Minutes. Elle dénonce la contradiction entre le message humaniste du spot et la réalité de l’exploitation animale dans la chaîne alimentaire. « On ne peut pas faire passer un loup pour un symbole d’inclusion tout en vendant du poisson pêché dans des conditions inhumaines », déclare un porte-parole de l’association.
Ces plaintes soulèvent une question fondamentale : jusqu’où une marque peut-elle utiliser le récit émotionnel pour masquer ses pratiques commerciales ?
Un succès viral… mais à quel prix ?
Le chiffre est impressionnant : près d’un milliard de vues en moins d’un mois. Pour une enseigne qui n’est présente que dans quatre pays (France, Portugal, Roumanie, Espagne), c’est une performance remarquable. Intermarché, avec ses 1 800 magasins en France, a su capter l’attention d’un public international grâce à une histoire simple, universelle et émotionnellement chargée.
Mais ce succès cache aussi une stratégie marketing bien rodée. Le loup, personnage ambigu par excellence, incarne parfaitement les tensions contemporaines : peur de l’autre, quête d’appartenance, nostalgie d’un monde plus simple. En le réhabilitant, Intermarché joue sur les cordes sensibles d’une société en quête de sens, particulièrement autour de Noël.
Pourtant, cette stratégie a un revers : plus le spot est aimé, plus il est scruté. Et les internautes, de plus en plus informés, ne se contentent plus de l’émotion. Ils veulent la vérité.
Contexte : quand la publicité de Noël devient un miroir social
Intermarché n’est pas la première enseigne à utiliser le récit pour vendre. Chaque année, les campagnes de Noël de Carrefour, Auchan ou encore Picard rivalisent d’ingéniosité. Mais celle de 2025 marque un tournant. Pour la première fois, une campagne phare est directement attaquée pour ses implications éthiques, et non seulement pour son style ou son humour.
Cela reflète une évolution profonde des attentes des consommateurs. Selon plusieurs études récentes, 68 % des Français affirment préférer acheter chez des marques engagées socialement et écologiquement. Le loup d’Intermarché, aussi touchant soit-il, ne peut plus fonctionner comme une simple métaphore. Il devient un symbole chargé, qui interpelle sur les pratiques réelles de l’enseigne.
De plus, cette polémique intervient dans un contexte de crise climatique et de méfiance croissante envers les grandes marques. Les consommateurs veulent du « bien manger », mais aussi du « bien faire ». Et quand une marque se positionne comme un acteur du bien-être collectif, elle se met sous pression.
Les réactions officielles : silence stratégique ou déni ?
À ce jour, Intermarché n’a pas publié de communiqué officiel en réponse aux plaintes. L’enseigne se contente de rappeler, via ses réseaux sociaux, que sa campagne vise à « célébrer les valeurs de partage et de convivialité ». Sur son site, la page « Engagement » met en avant ses initiatives en faveur du bio, des circuits courts et de la réduction du gaspillage alimentaire.
Mais ces arguments ne suffisent plus. Les associations réclament une transparence totale sur l’origine des produits, notamment du poisson. Elles exigent également que l’ARPP sanctionne Intermarché pour publicité trompeuse, ce qui pourrait entraîner une
Related News
More References
Publicité du loup mal aimé : pourquoi l'association Bloom porte plainte contre Intermarché
L'association estime que le spot d'Intermarché relève de la publicité mensongère, et veut attirer les regards vers ce qu'elle considère comme les "vraies" pratiques de l'enseigne.
Après le loup d'Intermarché, découvrez les publicités de Noël de Carrefour, Grand Frais ou Picard
La publicité d'Intermarché, avec pour personnage principal un loup, a cumulé près d'un milliard de vues depuis le début du mois. RMC Conso vous a sélectionné d'autres publicités de Noël, réalisées par
Comment expliquer le succès planétaire de la pub Intermarché et son le loup mal-aimé
La publicité d'Intermarché a eu un succès viral époustouflant. Un milliard de personnes l'auront regardée, alors que l'enseigne, elle, n'est pas présente dans le monde entier. Quels ressorts ce film a
Plagiat ou pas ? On a lu le livre pour enfant qui accuse le loup d'Intermarché
L'affaire a fait grand bruit ces dernières semaines, mais les accusations sont-elles fondées ? C'est l'un des sujets qui aura marqué Noël 2025. Après la diffusion d'un court-métrage sur le vivre-ensem
"Plagiat ou inspiration ? La vérité derrière la pub de Noël d'Intermarché"
Un loup solitaire, un banquet de Noël et une polémique qui enfle. Le conte publicitaire d'Intermarché, vu des centaines de millions de fois, est accusé par l'auteur Thierry Dedieu d'avoir puisé un peu