jean philippe tanguy
Failed to load visualization
Jean-Philippe Tanguy et la controverse : la réouverture des maisons closes au cœur du débat politique
En cette fin d'année 2025, la scène politique française est secouée par une proposition qui ne passe pas inaperçue. Jean-Philippe Tanguy, député Rassemblement National (RN) et figure influente de son groupe à l'Assemblée nationale, a placé la question de la réouverture des maisons closes au centre des discussions médiatiques. Cette initiative, jugée provocatrice par certains et pragmatique par d'autres, ravive un débat de société aussi ancien que complexe : la régulation de la prostitution en France.
Cet article décortique les enjeux de cette proposition, revient sur les déclarations du parlementaire et analyse les réactions suscitées par ce projet de loi. Pour comprendre la portée de ce sujet, il est essentiel de saisir le contexte législatif et sociétal qui encadre le travail du sexe aujourd'hui.
Le cœur de la polémique : les propos de Jean-Philippe Tanguy
La polémique a éclaté suite à la publication d'articles par des médias réputés, dont Le Monde et RTL, rapportant les intentions du député RN. Jean-Philippe Tanguy a affirmé son souhait de voir le Rassemblement National déposer un projet de loi visant à autoriser la réouverture des maisons closes, établissements interdits en France depuis 1946.
L'argumentaire développé par le parlementaire est double. D'une part, il évoque une volonté de sécuriser le cadre de travail des personnes prostituées, souvent exposées à des violences dans la clandestinité. D'autre part, et c'est le point qui a le plus marqué les esprits, il suggère un modèle économique inédit : « Que les prostituées soient leurs propres patronnes ». Cette formule, reprise par plusieurs médias, suggère une tentative de dépasser le schéma classique de l'exploitation en proposant une forme d'auto-entrepreneuriat au sein de structures régulées.
Cette vision s'oppose frontalement à la législation actuelle, incarnée par la loi dite « du consentement » de 2016, qui pénalise les clients et non les prostituées, dans une logique d'abolitionnisme.
Un projet de loi annoncé
Selon les sources vérifiées, dont Sud Ouest, le Rassemblement National envisage de déposer formellement ce projet de loi. Il ne s'agit donc pas d'une simple déclaration d'intention, mais d'une démarche législative potentielle qui viendrait défier le consensus parlementaire actuel sur la question. Le choix de Jean-Philippe Tanguy comme porte-parole de cette initiative n'est pas anodin : c'est un des députés les plus médiatisés et stratégiques de son groupe.
Contexte et antécédents : la longue histoire de la régulation de la prostitution
Pour comprendre la portée de cette proposition, il faut remonter le temps. La France a longtemps toléré, voire encadré, la prostitution via le système des "maisons closes" ou "maisons de tolérance". Ce système a été aboli à la Libération, en 1946, sous l'impulsion de la Résistante Marthe Richard, donnant naissance à la législation moderne.
Depuis lors, les positions ont évolué. Jusqu'en 2016, la France pratiquait une politique de régulation et de répression des proxénètes, tout en tolérant l'activité. La loi de 2016, dite "Loi d'orientation et de programmation pour la justice", a marqué un tournant radical en adoptant le modèle nordique. Ce modèle, inspiré de la Suède, dépénalise la personne prostituée mais incrimine le client (le "détrousseur").
Les défenseurs de cette loi actuelle soulignent qu'elle vise à réduire la demande et à offrir des alternatives de sortie à la prostitution. Jean-Philippe Tanguy et les partisans de sa proposition critiquent cette approche, arguant qu'elle a conduit à une précarisation accrue des travailleurs du sexe, les poussant dans l'illégalité et augmentant leur vulnérabilité face aux réseaux.
Les différents courants de pensée
Le débat sur la prostitution divise profondément la société civile et les politiques : * Les abolitionnistes : Ils considèrent la prostitution comme une violence intrinsèque et incompatible avec la dignité humaine. Ils soutiennent la loi de 2016 et s'opposent farouchement à toute "réglementation" qui légitimerait ce qu'ils nomment "l'exploitation sexuelle". * Les régulationnistes : Ils prônent la reconnaissance du travail sexuel comme un métier, avec des droits et des protections sociales (santé, retraite, sécurité). C'est dans cette veine que se situe, en apparence, la proposition de Jean-Philippe Tanguy, bien que son approche politique soit distincte.
Les réactions immédiates : une classe politique divisée
L'annonce de Jean-Philippe Tanguy a provoqué une onde de choc. La classe politique, dans sa grande majorité, a réagi avec surprise et souvent avec condamnation.
- La majorité présidentielle et la gauche : Les opposants à cette mesure dénoncent une "vision archaïque" et "régressive" de la condition féminine. Ils rappellent que les maisons closes étaient synonymes d'un système où la femme était une marchandise contrôlée par des tenanciers. Certains y voient une tentative de "normaliser" l'exploitation sexuelle sous couvert d'entrepreneuriat.
- L'interrogation sur le modèle économique : L'idée que les prostituées "soient leurs propres patronnes" suscite l'interrogation. Comment imaginer une telle structure sans retour à un contrôle par des tiers (gérants, locataires) ? Les critiques soulignent le risque de voir réapparaître le proxénétisme sous une forme légalisée.
Impacts et conséquences : que se passerait-il si cette loi était adoptée ?
Analysons les implications potentielles de ce projet, sur le plan juridique, social et sécuritaire.
Implications juridiques et réglementaires
Adopter une telle loi nécessiterait de modifier en profondeur le Code pénal. Il faudrait non seulement réintégrer le délit de racolage passif (aboli en 2016), mais surtout créer un cadre légal pour l'ouverture et la gestion de ces établissements. Cela impliquerait une lutte contre le blanchiment d'argent souvent associé à ces réseaux.
Enjeux sanitaires et sociaux
Les partisans de la régulation avancent souvent l'argument sanitaire : un cadre légal permettrait un meilleur suivi médical (dépistages obligatoires, protection). Cependant, les associations de lutte contre le sida et la précarité restent prudentes. Elles craignent que la légalisation ne crée un appel d'air pour les réseaux de traite des êtres humains, la France devenant une "destination" pour le tourisme sexuel.
La sécurité des personnes
Jean-Philippe Tanguy met en avant l'argument sécuritaire : les prostituées seraient protégées des violences dans des lieux régulés. C'est un argument fort. Toutefois, la réalité des pays où la régulation est la plus souple montre souvent une augmentation de la violence structurelle exercée par les "maîtres des lieux" sur les travailleurs, faute de protection réelle des droits des salariés.
Le futur de cette proposition : une stratégie politique ?
Il est peu probable que ce projet de loi aboutisse rapidement dans