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Bien Commun : Le Concept Noble au Cœur des Tensions Politiques

Le terme « bien commun » évoque traditionnellement l'idée d'un patrimoine partagé, un idéal philosophique et social qui transcende les intérêts particuliers pour servir l'ensemble de la société. Pourtant, en cette fin d'année 2025, cette notion fondamentale est devenue le théâtre de vifs affrontements en France. Ce qui devait être une soirée de gala célébrant la générosité et les valeurs associatives, la « Nuit du bien commun », a transformé les salles parisiennes en champs de bataille idéologiques.

L'événement, cofondé par le milliardaire conservateur Pierre-Édouard Stérin, se trouve au centre d'une controverse majeure, opposant ses organisateurs à un front large de syndicats, d'associations et de collectifs citoyens. L'enjeu dépasse la simple soirée caritative : il interroge la légitimité de la définition même du bien commun à l'heure actuelle.

Tensions aux Folies Bergère : Le Point d'Orgue de la Controverse

Le jeudi 5 décembre 2025, la célèbre salle des Folies Bergère à Paris était le théâtre d'une mobilisation d'envergure. Alors que le gala de « La Nuit du bien commun » se tenait à l'intérieur, des centaines de manifestants s'étaient rassemblés à l'extérieur pour dénoncer ce qu'ils perçoivent comme une tentative de récupération de la notion de bien commun par des intérêts privés et une idéologie d'extrême droite.

Selon les rapportages de Le Figaro, des tensions ont émaillé la soirée, nécessitant un fort dispositif policier. Cette mobilisation ne s'est pas faite au hasard. Elle s'inscrit dans une « diagonale de la résistance » s'élargissant face à l'extrême droite, comme le souligne Basta Media. L'objectif des opposants est clair : empêcher la normalisation de figures et de réseaux qu'ils jugent réactionnaires sous couvert d'œuvres caritatives.

Le Gala de la Discorde : Une « Nuit du Bien Commun » Contestée

L'origine de la polémique réside dans la nature même de l'événement. Organisé au profit d'associations d'accueil de personnes en situation de handicap ou de précarité, le gala est présenté par ses initiateurs comme un acte de solidarité pure. Cependant, le nom qui orne le programme, Pierre-Édouard Stérin, déclenche une levée de boucliers.

Le milliardaire, connu pour son engagement catholique conservateur et son influence au sein de la droite radicale, est perçu par les détracteurs comme l'artisan d'un réseau visant à saper les acquis démocratiques et sociaux. Le rassemblement contre ce gala, relayé par Boursorama, met en lumière cette fracture : d'un côté, la défense d'un modèle de charité privée ; de l'autre, la revendication d'un droit social garanti par l'État et défendu par les services publics.

Il est important de noter que la polémique ne remet pas en cause le travail des associations lauréates, elles-mêmes souvent partagées entre la reconnaissance d'un soutien financier nécessaire et l'inconfort face au pedigree politique de leurs donateurs.

Contexte : Qu'est-ce que le « Bien Commun » ?

Pour comprendre l'intensité de ces affrontements, il est utile de se remémorer la définition académique et philosophique du bien commun. Selon les sources philosophiques et juridiques, le bien commun désigne ce qui est profitable à l'ensemble de la société et qui doit être préservé, partagé et géré de manière équitable. Il s'agit de ressources, d'institutions, de conditions ou de valeurs qui bénéficient à toutes et tous, indépendamment des intérêts individuels ou privés.

Historiquement, cette notion a été développée par la théologie et la philosophie (notamment dans la tradition catholique sociale), avant d'être intégrée par le droit et les sciences sociales. Elle se distingue des « biens communs » au sens économique (les ressources communes comme l'air ou l'eau, qui sont non excluables et rivales) et des « biens publics » gérés par l'État.

Or, la crise actuelle révèle une lutte pour l'hégémonie sémantique : qui a le droit de définir ce qui est « commun » ? Est-ce la somme des initiatives privées et caritatives, ou bien le结果 de la construction politique d'un service public universel ?

L'Écosystème Stérin et la Réponse Associative

Les articles de presse et les recherches complémentaires évoquent une véritable « galaxie d'hommes d'affaires » derrière ce gala. Le fonds de dotation « La Nuit du bien commun », créé en 2017, tente de s'éloigner du profil controversé de son fondateur, mais les liens restent étroits.

Face aux critiques, une partie du monde associatif défend l'initiative. Certains lauréates expliquent, sous le couvert de l'anonymat ou publiquement, que ces financements permettent de pallier des manques criants dans les subventions publiques. La polémique suscite donc une véritable « chasse aux sorcières », comme le rapporte Le Figaro, où les associations se retrouvent prises en étau entre la nécessité de ressources et la stigmatisation politique.

Impacts Immédiats : Une Société Fracturée

Les tensions de ce jeudi soir aux Folies Bergère ne sont pas anecdotiques. Elles révèlent une fracture profonde dans la société française sur la notion de solidarité.

1. La Crise du Modèle Social : La contestation pointe une défiance envers un modèle où la générosité des plus riches remplace les obligations de l'État. C'est le retour, sous une forme moderne, du débat sur la charité versus la justice sociale.
2. La Politisation de l'Humanitaire : Jamais sans doute le mécénat n'avait été aussi scruté pour ses affiliations politiques. Les associations lauréates subissent de plein fouet cette politisation, avec des risques de perte de soutien populaire ou de boycott.
3. Radicalisation des Camps : La mobilisation physique devant la salle de spectacle marque une escalade. On ne se contente plus de tribunes, on organise le rassemblement pour empêcher l'événement de se dérouler dans le calme.

Perspectives d'Avenir : Vers une Redéfinition du Bien Commun ?

À quoi s'attendre dans les mois qui viennent ? Il est probable que ce phénomène ne soit que le prélude à de plus larges confrontations.

• Poursuite des Mobilisations : Les collectifs citoyens ont montré leur capacité à mobiliser. Il est probable que d'autres événements liés à ce réseau ou à des figures politiques proches subiront le même type de pression.
• Responsabilisation des Entreprises et Associations : Les associations devront sans doute faire preuve d'une transparence accrue sur leurs sources de financement. La question de l'éthique du don va devenir centrale dans la gestion des ONG.
• Débat National : Au-delà de l'agitation médiatique, ces événements forcent le débat sur la place du privé dans le social. Le gouvernement pourrait être amené à clarifier le cadre juridique du mécénat pour éviter toute instrumentalisation politique.

En définitive, la « Nuit du bien commun » a peut-être, contre toute attente, rendu un service à la chose publique : elle oblige chacun à se demander ce que nous entendons vraiment par « bien commun ». S'agit-il d'une somme