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Jean-Louis Trintignant : Portrait d'un Géant Discret du 7ème Art

Jean-Louis Trintignant reste, sans l'ombre d'un doute, l'une des figures les plus emblématiques et complexes du cinéma français. Acteur, réalisateur, pilote automobile, homme engagé : il a traversé les décennies en imposant une présence unique, à la fois fragile et intense. Alors que la mémoire de ses contemporains refait surface, notamment suite au décès récent de Brigitte Bardot, il est temps de revenir sur l'incroyable parcours de cet artiste complet, disparu le 17 juin 2022 à l'âge de 91 ans.

Une jeunesse à l'ombre du doute et la révélation "Ét Dieu créa la femme"

Né le 11 décembre 1930 à Piolenc, dans le Vaucluse, Jean-Louis Trintignant est issu d'une famille de la bourgeoisie provinciale. Fils d'un ingénieur des ponts et chaussées, il n'a pas d'attirance immédiate pour les planches. Il étudie le droit et le théâtre avant de fuir le confort familial pour tenter sa chance à Paris.

Tout bascule en 1956. Le jeune homme timide et réservé décroche un rôle dans Ét Dieu créa la femme, le film de Roger Vadim qui propulse Brigitte Bardot au rang d'icône mondiale. Dans ce long-métrage, Trintignant incarne Michel, le jeune marié timide et amoureux, éperdument épris de la sublime Juliette jouée par Bardot. Ce film culte marque les esprits et révèle le talent brut de Trintignant, capable de rivaliser avec l'énergie dévorante de BB.

"Le jeune Trintignant qui interprète en 1956 le timide amoureux de Brigitte Bardot dans Et Dieu créa la femme, de Roger Vadim, exprime parfaitement la discrétion que montre cet acteur subtil, séduisant et volontiers déconcertant." — Extrait de la biographie officielle

Cette collaboration ne restera pas qu'une simple aventure cinématographique. Une relation passionnelle et tumultueuse naîtra entre les deux stars, faisant d'eux le couple "perfect" du moment, avant que les infidélités et les tempéraments volatiles ne scellent leur destin.

Une carrière au sommet : De "Un homme et une femme" à "Z"

Si Trintignant a su séduire au côté de Bardot, il a surtout construit une carrière éclectique et saluée par la critique. Année après année, il a prouvé sa polyvalence.

• L'icône du romance (1966) : Dans Un homme et une femme de Claude Lelouch, il incarne Jean, un pilote de course endeuillé par le suicide de sa femme. Sa complicité avec Anouk Aimée touche des millions de spectateurs et le film remporte la Palme d'Or à Cannes ainsi que deux oscars.
• L'acteur engagé (1969) : Il collabore avec Costa-Gavras sur le film politique Z, thriller magistral sur la dictature des colonels en Grèce. Ce rôle lui vaut d'être sacré Meilleur Acteur au Festival de Cannes.
• La Nouvelle Vague (1969) : Il travaille également avec Éric Rohmer dans Ma Nuit chez Maud, un chef-d'œuvre de la Nouvelle Vague qui explore les dilemmes moraux et sentimentaux.

Au fil des ans, Trintignant s'impose comme un acteur de cinéma d'auteur, refusant souvent les productions commerciales au profit de projets plus intellectuels ou audacieux. Il a également mis son talent au service de réalisateurs comme Bernardo Bertolucci (Le Conformiste) ou encore Claude Chabrol.

Vie privée : Amours, ruptures et engagement politique

La vie de Jean-Louis Trintignant est marquée par une vie sentimentale agitée, souvent mise en parallèle avec celle de ses partenaires à l'écran.

Il a été marié trois fois : 1. Nadine Trintignant (sœur de l'acteur Christian Marquand), avec qui il a eu deux enfants : Marie et Paul. Le couple se séparera tragiquement après la mort de leur fille Marie dans des circonstances troubles. 2. Stéphane Audran, grande actrice du cinéma français (La Grande Bouffe), rencontrée sur le tournage de Les Mariés de l'an II. Ce mariage dure de 1967 à 1976. 3. Marianne Hoepfner, pilote de rallye, qu'il épouse en 1990 et reste avec elle jusqu'à sa mort.

Outre ses mariages, il a eu une relation très médiatisée avec Brigitte Bardot, ainsi que des liaisons avec des personnalités comme Virginie Péton ou Anny Duperey.

Côté politique, Trintignant n'a jamais caché ses convictions. Il a soutenu François Mitterrand en 1981 et s'est engagé contre l'extrémisme. En 2017, il a annoncé publiquement qu'il voterait pour Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, dans une tribune virale où il dénonçait la "peur" et le "rétrécissement" du monde proposé par l'extrême droite.

Les dernières années : Retrait, maladie et "Amour"

Après des années 2000 où il s'est fait plus rare, Jean-Louis Trintignant a connu une seconde jeunesse artistique grâce à Michael Haneke. En 2012, le film Amour, dans lequel il joue aux côtés d'Emmanuelle Riva, est récompensé par la Palme d'Or à Cannes et l'Oscar du meilleur film étranger. Il y livre une performance bouleversante d'un homme vieillissant confronté à la maladie et à la mort de son épouse.

Atteint de la maladie d'Alzheimer, il a annoncé sa retraite définitive du cinéma en 2018, déclarant : "Je ne peux plus travailler. J'ai perdu la mémoire, c'est un peu gênant pour un acteur." Il s'est éteint paisiblement à Collias, dans le Gard, le 17 juin 2022.

L'ombre de BB : Un lien indéfectible malgré les années

Il est impossible de parler de Trintignant sans évoquer Brigitte Bardot. Leur alchimie à l'écran a marqué l'histoire du cinéma. Même après leur rupture, les deux stars sont restés liés par une profonde affection, malgré les tempêtes médiatiques.

Récemment, le décès de Brigitte Bardot à l'âge de 91 ans a ravivé les souvenirs. Comme le rapporte Le Monde, la cérémonie d'adieu à Saint-Tropez, le 7 janvier 2025, a rassemblé des proches et des figures politiques, dont Marine Le Pen. L'actrice, qui s'était retirée du monde du spectacle depuis des décennies pour se consacrer à la cause animale, a quitté ce monde en laissant un souvenir impérissable.

Ce deuil a aussi remis en lumière les travers de certaines célébrités du passé. La chanteuse américaine Chappell Roan a récemment retiré un hommage qu'elle avait publié en l'honneur de Bardot après avoir découvert ses prises de position controversées. Comme le signale Franceinfo, l'artiste a jugé "très décevant d'apprendre tout ça", faisant référence aux déclarations racistes et homophobes régulières de l'icône des années 60. Ce fait illustre le fossé