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Le Turkménistan à la croisée des chemins : neutralité, désert et réformes en chantier

Paysage contrasté du Turkménistan : dunes de sable et architecture moderne

Souvent qualifié de « laboratoire géopolitique » ou de « pays le plus mystérieux d’Asie centrale », le Turkménistan traverse une période charnière. En décembre 2025, ce petit État d’à peine 6 millions d’habitants célèbre 30 ans de neutralité permanente, un statut diplomatique rare au niveau mondial, reconnu par les Nations unies dès 1995. Mais derrière cette façade de stabilité diplomatique se profile une réalité bien plus complexe : une lutte acharnée contre l’avancée du désert, des signes timides de réformes politiques, et une diplomatie active qui tente de tisser des alliances dans un monde instable.


Une neutralité soigneusement entretenue

Le 20 décembre 2025, la capitale Achgabat a été le théâtre d’une cérémonie symbolique : la Conférence internationale sur la paix et la confiance, organisée à l’occasion du tricennaire de la neutralité permanente du Turkménistan. Ce concept, bien plus qu’un simple label diplomatique, constitue le socle de la politique étrangère du pays depuis son indépendance de l’Union soviétique en 1991.

« La neutralité n’est pas de l’isolement, mais un engagement actif pour la paix », a affirmé le président Serdar Berdymukhamedov lors de l’événement, selon les reportages d’Euronews. Cette doctrine permet au Turkménistan de naviguer entre les grandes puissances — Russie, Chine, Iran — sans s’engager dans leurs rivalités. Elle lui a également valu d’accueillir, en décembre 2025, des dirigeants mondiaux rares sur son sol : Vladimir Poutine, Recep Tayyip Erdogan, et Ebrahim Pezeshkian, respectivement présidents de la Russie, de la Turquie et de l’Iran.

L’envoyé spécial du président chinois Xi Jinping, Peng Qinghua, a également participé au forum, soulignant l’importance croissante des liens économiques entre Pékin et Achgabat, notamment dans le cadre de l’Initiative de la Ceinture et de la Route.

« Le Turkménistan montre qu’un petit État peut jouer un rôle médiateur dans un monde fragmenté », note un analyste diplomatique cité par Euronews.


Le sable qui avance : une menance silencieuse

Alors que les diplomates débattent de paix et de confiance, un autre combat se livre sur le terrain : celui contre l’avancée inexorable du désert. Dans le village de Bokourdak, au nord du pays, les habitants racontent un déplacement progressif de leur communauté. « Autrefois, le village se trouvait sur une butte. Mais à cause de l’avancée du désert, il a fallu descendre de plus en plus bas », témoigne Kakabaï Baïmedov, un retraité interrogé par le site Le Singulier.

Ce phénomène, aggravé par le changement climatique et la surexploitation des ressources en eau, menace non seulement les terres agricoles, mais aussi les infrastructures vitales. Selon L’Express, près de 70 % du territoire turkmène est désertique, et les projections indiquent que les zones habitables pourraient se réduire de 15 % d’ici 2040.

Le gouvernement a lancé plusieurs programmes de reboisement et de gestion durable de l’eau, mais les résultats restent limités. « On plante des arbres, mais le vent les enterre ou la sécheresse les tue », déplore un agriculteur local cité anonymement par L’Express. La lutte contre la désertification devient aujourd’hui une priorité existentielle, autant que sécuritaire.

Village turkmène menacé par l'avancée du désert


Des réformes politiques… en trompe-l’œil ?

À l’approche de cette réunion internationale rare, le président Serdar Berdymukhamedov a laissé entrevoir des réformes politiques potentielles. Bien que le régime reste officiellement autoritaire — le Turkménistan est classé parmi les pays les moins libres au monde par Freedom House —, certaines mesures récentes suscitent l’espoir d’un assouplissement contrôlé.

Parmi elles : la libération de quelques prisonniers politiques, l’autorisation limitée de visites étrangères (notamment pour les journalistes et les ONG), et une ouverture progressive des frontières avec l’Ouzbékistan et l’Iran. Le site Routard.com mentionne même une ouverture touristique timide, avec la création de circuits guidés vers les sites historiques comme Merv ou Konye-Urgench.

Cependant, ces avancées restent fragiles. Aucune opposition légale n’existe, la presse est entièrement contrôlée par l’État, et les critiques envers le pouvoir sont sévèrement réprimées. Les observateurs internationaux restent prudents : « Ce ne sont pas des réformes démocratiques, mais des ajustements tactiques pour améliorer l’image du régime », analyse un expert en affaires asiatiques, sous couvert d’anonymat.


Contexte historique : entre héritage soviétique et identité nationale

Pour comprendre les défis actuels du Turkménistan, il faut remonter à son passé. Ancienne république soviétique, le pays a connu une indépendance chaotique en 1991, suivie de deux décennies de règne quasi absolu sous Saparmyrat Nyýazow, surnommé « Türkmenbaşy » (le chef des Turkmènes). Ce leader culte a imposé une idéologie personnelle, le Ruhnama, mélange de spiritualité, d’histoire nationale et de propagande.

Son successeur, Gurbanguly Berdymukhamedov (père du président actuel), a assoupli légèrement le contrôle, tout en maintenant un pouvoir centralisé. Depuis 2022, Serdar Berdymukhamedov incarne une nouvelle génération de dirigeants, plus ouverte aux technologies et aux partenariats économiques, mais sans remettre en cause la structure autoritaire.

Géographiquement, le Turkménistan occupe une position stratégique : il est bordé par l’Iran, l’Afghanistan, l’Ouzbékistan et la mer Caspienne. Riche en gaz naturel (4e réserve mondiale), il dépend fortement des exportations énergétiques, surtout vers la Chine, via le gazoduc transasiatique

More References

Les 30 ans de la neutralité permanente du Turkménistan

La Conférence internationale sur la paix et la confiance, organisée à Achgabat, portait sur la manière dont la notion de neutralité peut contribuer à résoudre les conflits et les crises.

Au Turkménistan, une difficile bataille contre le sable

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