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Municipales 2026 à Arles : entre tradition, tensions et ambitions nouvelles

Alors que les échéances municipales de 2026 approchent à grand pas, la ville d’Arles, joyau culturel de la Provence et capitale historique de la Camargue, se trouve au cœur d’un climat politique particulièrement tendu. Ancien président de France Télévisions et maire sortant depuis 2001, Patrick de Carolis entend conserver sa mairie dans la plus vaste commune de l’Hexagone — mais il fait face à une opposition plus organisée que jamais. Entre alliances inédites à gauche, nouveaux venus ambitieux et préoccupations citoyennes fortes, les Arlésiens sont appelés à redéfinir l’avenir de leur ville.

Une campagne marquée par les priorités citoyennes

Selon un sondage exclusif publié par La Provence, les Arlésiens placent la santé et la sécurité en tête de leurs attentes pour les prochaines municipales. Ces deux thématiques, bien que récurrentes dans toute campagne électorale locale, prennent ici une dimension particulière : Arles, avec ses 52 000 habitants, doit concilier son rayonnement touristique international (la ville accueille près de 1,5 million de visiteurs par an) et la qualité de vie quotidienne de ses riverains.

« Les gens veulent se sentir en sécurité, même dans les quartiers les plus dynamiques comme la Roquette ou les Ateliers », confirme un habitant interrogé dans le cadre du sondage.
Source : La Provence, 10 décembre 2025

Cette demande sociale forte pousse les candidats à adapter leurs discours. Si Patrick de Carolis met l’accent sur la continuité de ses politiques urbaines — notamment le développement du Parc des Ateliers, projet phare de la Fondation Luma —, ses opposants soulignent le besoin d’un changement de cap.

Une gauche unie pour la première fois

L’une des grandes nouveautés de cette campagne est la formation d’une union inédite à gauche, visant explicitement à « détrôner Patrick de Carolis ». Comme le révèle Le Monde dans une enquête approfondie, cette coalition regroupe des forces politiques habituellement divisées : socialistes, écologistes, insoumis et associations locales engagées.

Cette alliance rappelle, par sa structure et son ambition, le Printemps marseillais de 2020, qui avait permis à Michèle Rubirola de devenir la première élue écologiste de Marseille. À Arles, les partenaires de cette union promettent une gouvernance « plus transparente, plus proche des citoyens et plus respectueuse de l’environnement ».

« On ne peut plus accepter que les décisions soient prises dans les coulisses, loin des Arlésiens. Il est temps de rendre la ville à ceux qui la font vivre au quotidien. »
Déclaration collective des candidats de l’union de gauche, citée par Le Monde, 19 décembre 2025

Nicolas Koukas : le « retour aux sources » comme mot d’ordre

Un autre acteur clé émerge dans cette bataille municipale : Nicolas Koukas, qui a officiellement lancé sa campagne en décembre 2025. Ancien cadre dans le secteur culturel et proche des milieux associatifs arlésiens, il incarne une figure nouvelle, à la fois critique envers l’actuelle équipe municipale et ancré dans le terroir.

Son slogan ? « Remettre la ville aux mains des Arlésiens ». Une promesse forte, qui résonne particulièrement dans une commune où le sentiment d’être « mise de côté » par les décideurs locaux semble grandir.

« Arles n’est pas qu’un musée à ciel ouvert ni un décor pour les touristes. C’est une ville vivante, avec ses problèmes, ses espoirs et ses talents. Il est temps qu’elle soit gérée par et pour ses habitants. »
Nicolas Koukas, lancement de campagne, Objectif Gard, 15 décembre 2025

Son initiative a déjà eu des répercussions concrètes : la permanence municipale de Patrick de Carolis a été taguée du nom de Koukas en décembre 2025, un acte symbolique qui traduit la montée en puissance de l’opposition.

Contexte historique : Arles, ville entre passé glorieux et modernité fragile

Pour comprendre les enjeux actuels, il faut replacer Arles dans son contexte historique et culturel. Fondée il y a plus de 2 500 ans, la ville fut l’une des capitales de la Gaule romaine, puis un centre spirituel majeur de la chrétienté occidentale grâce à des figures comme Hilaire et Césaire d’Arles. Aujourd’hui, elle est inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO pour son ensemble architectural exceptionnel — arènes, théâtre antique, thermes de Constantin.

Mais cette richesse patrimoniale pose aussi des défis : comment préserver le passé tout en permettant à la ville de vivre, de se développer et de répondre aux besoins contemporains ? Le projet de contournement autoroutier, dont l’enquête d’utilité publique est ouverte jusqu’au 2 janvier 2026, en est un exemple frappant. Ce dispositif, estimé à plus de 300 millions d’euros, vise à désengorger le centre-ville, mais suscite des critiques pour son coût et son impact environnemental.

Par ailleurs, Arles reste profondément attachée à ses traditions provençales. Les fêtes de fin d’année, les courses camarguaises, les marchés colorés et les festivals (comme le Rencontres photographiques d’Arles) rythment la vie locale. Pourtant, cette identité culturelle forte ne doit pas occulter les réalités sociales : tensions liées à l’immigration, difficultés économiques dans certains quartiers, pression foncière due au tourisme de luxe…

Impacts immédiats : une ville en quête de repères

Les débats actuels autour des municipales 2026 reflètent une profonde remise en question de la gouvernance locale. Les Arlésiens, souvent fiers de leur maire charismatique et médiatique, commencent à exprimer un certain malaise face à ce qu’ils perçoivent comme une élitisation de la ville.

Le succès international du Parc des Ateliers, conçu par Frank Gehry pour la fondation Luma, a attiré des investisseurs, des artistes et des touristes — mais aussi accru les prix de l’immobilier et marginalisé certaines populations locales. Maja Hoffmann, fondatrice de Luma, a rendu hommage à Gehry en dé