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Blocages des agriculteurs : ce qui se passe en France, en Aveyron, dans les Alpes et ailleurs

Les agriculteurs français ont à nouveau pris leurs quartiers de campagne, mais cette fois-ci, ils ne manifestent pas seulement contre les normes européennes ou les taxes. Depuis quelques semaines, un nouveau mouvement de protestation a émergé, lié à une crise sanitaire animale qui touche directement les éleveurs et les routes du pays. Les blocages routiers, notamment autour de La Rochelle, en Aveyron, dans les Alpes, et dans le sud-ouest, ont pris une ampleur inédite. Ce mouvement, souvent appelé "opération escargot", est devenu un symbole de la colère des professionnels agricoles face à une situation qu’ils jugent inacceptable.

Mais qu’est-ce qui se passe vraiment ? Pourquoi ces blocages, et quelles sont les conséquences pour les Français, les éleveurs, et l’économie agricole ? On vous explique tout, en se basant sur les informations officielles et les reportages fiables.

Les blocages en direct : ce qui s’est passé ces derniers jours

En Aveyron : l’A75 et la RN 88 bloquées, des détours imposés

Le 20 décembre dernier, les routes de l’Aveyron ont été secouées par des blocages massifs. Les agriculteurs ont mis en place des "opérations escargot" sur l’A75 et la RN 88, deux axes stratégiques du sud du Massif Central. Selon Centre Presse Aveyron, les tracteurs ont ralenti le trafic à une vitesse de 20 km/h pendant plusieurs heures, empêchant les poids lourds de circuler normalement.

Les autorités ont publié une carte des routes bloquées et des itinéraires de contournement, conçus pour éviter les embouteillages. Les conducteurs ont été invités à éviter les zones de Millau, Rodez, et Saint-Flour, où les manifestations étaient les plus importantes.

"Les routes sont bloquées, mais c’est pour que les politiques nous entendent", a déclaré un éleveur de l’Aveyron, cité par le journal local. "On ne veut pas nuire aux gens, mais on n’a pas d’autre moyen de se faire entendre."

Dans les Alpes : retour sur la crise de la dermatose nodulaire

Parallèlement, Franceinfo a publié un reportage poignant sur les éleveurs des Alpes, les premiers touchés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), une maladie boviné hautement contagieuse qui touche les veaux et les génisses. Les éleveurs racontent une "traumatique" expérience : des fermes entières touchées, des animaux mis à mort, des pertes économiques colossales.

"Le traumatisme est toujours là. On a perdu 40 % de notre troupeau en trois mois", confie un éleveur de Haute-Savoie, dans le reportage de Franceinfo. "Et pourtant, on ne reçoit aucune aide, aucune compensation."

Cette maladie, qui se transmet par contact direct entre animaux ou par les insectes, a conduit à des restrictions de circulation imposées par l’État. Mais les agriculteurs estiment que les mesures sont inadéquates et lentes.

Cestas (A63) : fin du blocage, mais la colère persiste

Dans le sud-ouest, les agriculteurs de la CR 33 (Chambre de l’agriculture de la Gironde) ont bloqué l’A63 à Cestas, près de Bordeaux, pendant plusieurs jours. Selon Sud Ouest, le blocage devait être levé dans le week-end, mais les tensions restent vives.

"On a obtenu des promesses, mais pas d’engagements fermes", explique un porte-parole de la CR 33. "On reste mobilisés tant que nos revendications ne seront pas satisfaites."

La dermatose nodulaire : la maladie qui a tout déclenché

Qu’est-ce que la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) ?

La dermatose nodulaire (ou lumpy skin disease en anglais) est une maladie virale touchant les bovins. Elle provoque des nodules sur la peau, des fièvres, des pertes de poids, et dans certains cas, la mort des animaux. Très contagieuse, elle se transmet par : - Contact direct entre animaux - Vecteurs (mouches, tiques, moustiques) - Matériel contaminé (lits, outils, véhicules)

La maladie, d’origine africaine, est apparue en Europe en 2015, puis s’est propagée à l’Italie, à la Grèce, et maintenant en France. En 2023, plus de 1 200 foyers ont été signalés dans le pays, selon des données non officielles.

Pourquoi les agriculteurs réagissent-ils avec tant de force ?

Les éleveurs estiment que : 1. L’État n’a pas mis en place de plan d’urgence rapide 2. Les compensations financières sont insuffisantes 3. Les restrictions de mouvement (blocage des troupeaux) sont trop strictes et mal appliquées 4. La communication entre les services vétérinaires et les exploitants est défaillante

"On a l’impression de se battre seul contre une maladie que l’État a laissé entrer", déclare un éleveur du Cantal, cité dans un forum professionnel.

Contexte : une colère qui monte depuis des années

Les blocages de ces derniers jours ne sont pas isolés. Ils s’inscrivent dans une longue série de mouvements sociaux menés par les agriculteurs depuis plusieurs années.

Une colère chronique

• 2020 : Manifestations contre les normes européennes (pesticides, émissions de CO2)
• 2022 : Blocages contre les taxes carbone et les importations de soja
• 2023 : Protestations contre les aides de la PAC (Politique agricole commune)
• 2024 : Mobilisation contre la dermatose nodulaire

Chaque fois, les revendications sont les mêmes : aides financières, soutien technique, protection des marchés, et reconnaissance du métier d’agriculteur.

Les syndicats agricoles : acteurs clés

Les organisations comme FNSEA, Jeunes Agriculteurs, et Coordination Rurale jouent un rôle central dans la mobilisation. Elles organisent les actions, négocient avec l’État, et médiatisent les revendications.

"On ne veut pas être des ennemis de la société, mais des partenaires", a déclaré la FNSEA dans un