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Ziad Takieddine : le retour du scandale et la demande de procès contre Nicolas Sarkozy
Le nom de Ziad Takieddine refait surface dans l'actualité judiciaire française avec un poids considérable. Ce personnage central dans l'affaire des écoutes de l'Élysée et le scandale des "fins de campagne" a longtemps été considéré comme le témoin clé ayant permis de condamner l'ex-président Nicolas Sarkozy. Cependant, un revirement spectaculaire de sa part a provoqué une onde de choc judiciaire.
En décembre 2025, le Parquet National Financier (PNF) a officiellement requis un procès contre Nicolas Sarkozy, son épouse Carla Bruni-Sarkozy, ainsi que la figure médiatique Mimi Marchand. Cette demande fait suite à la rétractation de Ziad Takieddine, qui a nié l'existence des "fins de campagne" illégales, un aveu qui avait fondé une première condamnation. Cette situation place l'ancien chef de l'État face à une nouvelle menace pénale majeure.
La demande du PNF : une "opération Sauver Sarko" ?
Le cœur de l'actualité réside dans la décision du Parquet National Financier (PNF) de poursuivre l'ex-président pour "subornation de témoin". Selon les informations relayées par Le Monde et Marianne, l'enquête a permis de réunir des éléments suffisants pour soupçonner que la rétractation de Ziad Takieddine n'était pas spontanée, mais orchestrée.
Le terme "opération Sauver Sarko", utilisé par le magazine Marianne, reflète la thèse soutenue par les magistrats instructeurs. L'idée est que plusieurs acteurs se seraient coordonnés pour influencer le témoignage de Takieddine, visant à faire disparaître les preuves des "fins de campagne" frauduleuses de 2007.
Les faits reprochés sont graves : corruption, trafic d'influence et subornation de témoin. Si le PNF demande un procès, c'est qu'il estime que l'équipe de Nicolas Sarkozy, avec l'aide présumée de figure médiatique, a tenté de fausser le cours de la justice. Comme le souligne Libération, la situation est inédite : l'ancien président, déjà condamné dans cette affaire, pourrait être jugé à nouveau, non plus pour les faits financiers initiaux, mais pour avoir tenté de manipuler la justice pour s'en exonérer.
Chronologie d'un revirement spectaculaire
Pour comprendre l'importance de cette affaire, il faut remonter le fil des événements qui ont mené à cette situation complexe.
1. La condamnation historique de 2021
En 2021, Nicolas Sarkozy a été condamné en première instance puis en appel à trois ans de prison (dont deux fermes) pour "corruption active" et "trafic d'influence". Cette condamnation reposait quasi exclusivement sur les écoutes téléphoniques (les "écoutes Bercy") et sur les aveux de Ziad Takieddine. Ce dernier avait affirmé avoir reçu des fonds libyens pour la campagne présidentielle de 2007, en échange de relations diplomatiques favorables à Kadhafi.
2. La rétractation de 2023
En octobre 2023, le procès en appel de cette affaire a basculé. Ziad Takieddine a soudainement retiré ses accusations, affirmant qu'il n'avait jamais reçu d'argent libyen et que ses déclarations précédentes étaient fausses. Ce revirement a conduit à l'acquitnement de Nicolas Sarkozy dans cette affaire spécifique par la cour d'appel de Paris, une décision saluée par sa défense mais qui a suscité de vives interrogations.
3. L'enquête pour subornation (2024-2025)
Face à ce retournement, le PNF a ouvert une enquête préliminaire pour savoir si cette rétractation avait été achetée ou forcée. Les investigations se sont concentrées sur les allées et venues autour de Takieddine et les flux financiers suspects. Les réquisitions de décembre 2025 marquent l'aboutissement de cette enquête : le parquet estime avoir la preuve d'une manœuvre.
4. Les réquisitions de décembre 2025
Finalement, le PNF a demandé le renvoi de Nicolas Sarkozy, Carla Bruni-Sarkozy et Mimi Marchand devant le tribunal correctionnel. Cette demande est un signal fort : la justice ne considère pas l'affaire comme close et cherche à sanctionner la tentative présumée d'échapper à la justice.
Le contexte : pourquoi cette affaire est-elle si lourde ?
L'affaire Takieddine ne concerne pas seulement Nicolas Sarkozy. Elle touche à la confiance dans les institutions et à la manière dont les anciens présidents interagissent avec le pouvoir judiciaire.
Un témoin au cœur du système
Ziad Takieddine n'est pas un inconnu. C'est un homme d'affaires franco-libanais qui a longtemps été proche des cercles du pouvoir à Paris et à Beyrouth. Son rôle dans l'affaire des "fins de campagne" en faisait un témoin capital. La crédibilité de ses déclarations initiales avait permis de valider la thèse du financement libyen, une rumeur tenace depuis des années.
La figure de Mimi Marchand
La mise en cause de Mimi Marchand, conseillère en communication proche du couple Sarkozy, ajoute une dimension médiatique et stratégique à l'affaire. Si elle est jugée, ce sera pour son rôle présumé d'intermédiaire ou d'organisatrice de la stratégie de communication visant à influencer Takieddine. Son omniprésence dans les coulisses du pouvoir élyséen et post-élyséen en fait une pièce maîtresse de l'affaire.
La stratégie de la défense
Les avocats de Nicolas Sarkozy contestent fermement ces nouvelles accusations. Ils soutiennent que Ziad Takieddine a simplement dit la vérité en se rétractant, après avoir menti sous la pression des enquêteurs lors de l'instruction initiale. Pour la défense, le PNF s'obstine contre une réalité judiciaire désormais établie par l'acquitnement de 2023.
Impacts immédiats : une bombe politique et judiciaire
Cette demande de procès a des répercussions immédiates sur plusieurs plans.
Pour Nicolas Sarkozy
C'est un coup dur. Alors qu'il tentait de se réhabiliter et d'occuper une place de sage dans le débat public, l'ancien président se retrouve une fois de plus au banc des accusés. Même si le procès n'a pas encore lieu, l'annonce publique d'une telle réquisition par le PNF ravive l'image d'un président en conflit permanent avec la justice.
Pour le Parquet National Financier
Le PNF, souvent critiqué pour son traitement des affaires politiques, durcit le ton. En poursuivant pour subornation, le parquet se donne les moyens de sanctionner non seulement les délits financiers, mais aussi les tentatives de déstabilisation de l'appareil judiciaire. C'est une manière de protéger l'indépendance de la justice contre les manœuvres d'influence.
Pour l'opinion publique
L'opinion française, déjà polarisée, se divise à nouveau. D'un côté, ceux qui voient dans cette affaire la preuve d'une classe politique corrompue prête à tout pour échapper à la loi. De l'autre, les partisans de Sarkozy qui dénoncent une chasse sorcière et l'acharnement judiciaire. Le "buzz" autour du sujet, évalué à 2000, témoigne de l'intérêt soutenu du public pour ce feuilleton judiciaire.