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Fin d'une ère : Brandt, fleuron de l'électroménager français, à l'arrêt

Le groupe Brandt, dernier grand fabricant d'électroménager en France, a été placé en liquidation judiciaire. Une décision historique qui sonne le glas de l'industrie lourde au cœur de la région Centre-Val de Loire et met en péril 700 emplois directs.

Une nouvelle tragique a secoué le monde économique et les foyers français ce jeudi 11 décembre 2025. Le tribunal des activités économiques de Nanterre a officiellement prononcé la liquidation judiciaire du groupe Brandt. Cette décision met un terme brutal aux espoirs de reprise du fleuron industriel basé à Vendôme, qui tentait de survivre grâce à un plan de sauvegarde porté par ses propres salariés. Après des mois de suspense et une mise en redressement judiciaire en octobre dernier, l'ultime recours a été rejeté, actant la disparition du plus vieux fabricant d'électroménager hexagonal.

Le Choc de la Liquidation : Une Décision Inéluctable

Alors que l'incertitude pesait sur l'avenir de l'entreprise depuis plusieurs semaines, la sentence est tombée sans appel. Le tribunal a jugé le projet de reprise, pourtant soutenu par une Scop (Société Coopérative et Participative) montée par les salariés, financièrement fragile et insuffisant pour assurer la pérennité de l'activité sur le long terme.

Cette liquidation judiciaire ne concerne pas seulement une entreprise ; elle touche au symbole. Brandt représentait l'un des derniers bastions de la production d'appareils de cuisson et de grands foyers en France. Pour les 700 salariés concernés, principalement basés sur le site de Vendôme, l'annonce est un véritable cataclysme social.

Comme le rapporte Le Figaro, le tribunal a officiellement acté la fin de l'activité industrielle, marquant la chute du "dernier fabricant de gros électroménager en France". De son côté, Le Parisien qualifie l'événement de "terrible nouvelle", soulignant l'impact dévastateur sur un bassin d'emploi déjà fragile.

Chronologie d'une chute annoncée

Le drame industriel ne s'est pas joué en un jour. Il est le résultat d'une lente agonie et de tentatives de sauvetage qui ont capoté au dernier moment.

1. Octobre 2025 : Le déclencheur. Le groupe Brandt est officiellement mis en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Nanterre. L'objectif était de trouver un repreneur ou de négocier un plan de cession pour sauver l'outil de production et les emplois.
2. Novembre 2025 : L'espoir des salariés. Face au manque de repreneurs classiques, les salariés ont monté un projet de reprise en coopérative (Scop). Une démarche citoyenne et industrielle pour tenter de sauver les meubles.
3. 11 décembre 2025 : Le verdict. Le tribunal des activités économiques de Nanterre statue. Le projet de la Scop est rejeté. La liquidation judiciaire est prononcée. Le site de production de Vendôme, ainsi que les autres entités du groupe, vont être progressivement fermés.

Selon les informations corroborées par Ouest-France et d'autres médias nationaux, la liquidation entraîne la suppression immédiate des 700 emplois restants, mettant fin à près d'un siècle d'histoire industrielle.

Brandt : Un Héritage Industriel Français de Près d'un Siècle

Pour comprendre l'ampleur de la perte, il faut remonter le temps. Fondé en 1924 par l'ingénieur Louis Brandt, l'entreprise est née dans l'esprit d'innovation. D'abord spécialisée dans les composants pour l'horlogerie (d'où le célèbre logo en forme de roue dentée), Brandt a pivoté vers l'électroménager dans les années 60.

Pendant des décennies, la marque a été synonyme de qualité, de robustesse et de "Made in France". Les cuisinières Brandt ont équipé des millions de cuisines, se classant parmi les leaders du marché européen, aux côtés de marques comme Electrolux ou Whirlpool. L'usine de Vendôme était le cœur battant de cette production, un site emblématique où la savoir-faire français s'était transmis de génération en génération.

L'image de la marque a longtemps été associée à la performance et à la fiabilité. Cependant, la concurrence internationale, la délocalisation de la production et la hausse des coûts de l'énergie ont progressivement érodé sa rentabilité.

Un Secteur en Pleine Mutation : La Fin du "Made in France" ?

La liquidation de Brandt dépasse le simple cadre d'une entreprise en difficulté. Elle interroge la survie de l'industrie lourde française dans un monde globalisé. C'est la victime "collatérale" d'une crise structurelle du secteur.

Comme l'analyse RFI, Brandt devient une "nouvelle victime de la crise de l'électroménager". Les raisons sont multiples : * La guerre des prix : La pression des marques discount et des géants asiatiques a rendu la production française, au coût salarial élevé, difficilement compétitive. * La transition énergétique : Les normes environnementales de plus en plus strictes obligent à des investissements massifs en R&D que l'entreprise n'a plus les moyens de financer. * L'évolution des modes de consommation : Les appareils connectés et intelligents demandent des compétences techniques nouvelles.

Le cas Brandt rappelle d'autres déboires récents dans le secteur, comme les difficultés de Rowenta ou les tensions chez Moulinex. La France reste un gros consommateur d'électroménager, mais elle ne produit presque plus. La liquidation du dernier "gros" acteur français fait office de signal d'alarme pour l'ensemble de la filière.

Conséquences Immédiates : Le Scénario du Pire pour les Salariés

Dès la prononciation de la liquidation, la priorité est passée à la gestion de l'après. Pour les salariés de Brandt, la situation est catastrophique.

• Perte d'emploi : Les 700 postes sont supprimés. La région Centre-Val de Loire, et plus spécifiquement le Vendômois, doit faire face à un choc économique majeur. La reconversion de ces salariés, souvent spécialisés dans des métiers très spécifiques à l'usine, s'annonce complexe.
• Le sort de la marque : La marque "Brandt" elle-même risque d'être vendue par morceaux ou cédée à un concurrent étranger qui pourrait, éventuellement, continuer à la faire vivre sous une autre forme, sans l'ancrage industriel français. Mais l'outil de production de Vendôme, lui, est condamné.
• Les fournisseurs : Toute une chaîne de sous-traitants locaux et nationaux va perdre un client majeur, ce qui pourrait provoquer des effets domino dans l'économie régionale.

La décision du tribunal de Nanterre a balayé les dernières illusions. Le projet de Scop, bien que soutenu par la CGT et les salariés, n'a pas convaincu les juges de sa viabilité économique face à un marché ultra-concurrentiel.

L'Avenir de la Marque : Un Faut-Il Espérer ?

À l'heure actuelle, le tableau est sombre. La liquidation judiciaire implique la fin de l'activité de production. L'actif principal de Brandt reste sa marque, son savoir-faire technologique et son parc de brevets.