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Hamnet : Le film de Chloé Zhao qui réécrit l'histoire de Shakespeare et s'impose comme favori aux Oscars

Le drame historique mettant en scène Paul Mescal et Jessie Buckley a déchaîné les passions à sa sortie et s'annonce déjà comme le grand favori de la saison des récompenses cinématographiques 2026.

Le monde du cinéma traverse une période charnière où les biopics traditionnels cèdent la place à des récits plus intimes et audacieux. Au cœur de cette effervescence artistique, Hamnet, le nouveau long-métrage de la réalisatrice Chloé Zhao (Les Éternels, Nomadland), fait l'effet d'un véritable séisme. Plus qu'une simple adaptation du best-seller de Maggie O'Farrell, ce film explore le deuil insoutenable d'un couple dont l'histoire allait changer le monde, mais dont la vie personnelle fut marquée par une tragédie absolue.

En quelques semaines, l'œuvre a captivé la critique et le public, suscitant des réactions unanimes et plaçant la France, comme le reste du monde, sous le charme mélancolique de cette proposition cinématographique rare.

Une redéfinition du mythe shakespearien

L'originalité de Hamnet réside dans son parti pris narratif audacieux. Chloé Zhao ne se contente pas de retracer la vie du dramaturge ; elle s'attaque à une figure méconnue : celle de Hamnet Shakespeare, le fils unique de William et Agnes (Anne), mort à l'âge de 11 ans en 1596. Comme le souligne une analyse de Splice Today intitulée "The Eternal H", le film semble capturer l'essence même de cette douleur persistante qui a traversé les siècles.

Le réalisateur prend le contre-pied de la culture populaire qui a longtemps réduit Shakespeare à une icône intouchable. Selon des sources rapportées par AlloCiné, le film imagine les événements entourant William et Agnes avant que l'histoire occidentale ne soit définitivement écrite. Il s'agit d'un exercice de style fascinant : montrer le génie dans sa vulnérabilité, l'artiste derrière le père endeuillé.

"Dans Hamnet, Chloé Zhao prend le parti audacieux de réécrire la perception que la culture populaire a de Shakespeare. Plus qu'un simple biopic, ce film analyse tous les événements qui entourent William et Agnes avant que l'histoire occidentale ne s'écrite."

Cette approche humaine, presque intime, permet de comprendre comment la douleur peut se transmuer en art. Si la pièce Hamlet a été écrite plusieurs années après la mort de l'enfant, le film suggère que le chagrin a irrigué toute l'œuvre du dramaturge.

L'alchimie entre Paul Mescal et Jessie Buckley

Au-delà de la direction artistique, c'est l'interprétation des rôles principaux qui a marqué les esprits lors des festivals de Telluride et Toronto. Les premières projections ont confirmé la puissance de l'alchimie entre Paul Mescal et Jessie Buckley.

Dans sa critique élogieuse à cinq étoiles, The Irish Times décrit le film comme "dévastateur", saluant la performance de ce duo d'acteurs. La publication note que le long-métrage atteint une intensité émotionnelle rare, porté par des performances qui ne cherchent pas la virtuosité, mais la vérité brute.

Cette dynamique est également au cœur d'un entretien publié par AwardsWatch, qui met en lumière comment les frères Jacobi et Noah Jupe (qui incarnent les enfants du couple, respectivement Hamnet et Susanna) sont devenus le cœur du film. Mais c'est bien la relation entre Mescal (William) et Buckley (Agnes) qui porte le récit. Leurs silences, leur chagrin partagé et leur résilience forment la colonne vertébrale de l'œuvre. Il n'est pas anodin de constater que la presse spécialisée parle déjà de performances "déchirantes" pour décrire ce duo.

Le chemin doré vers la cérémonie des Oscars 2026

Dès sa sortie, Hamnet a été propulsé au rang de grand favori pour la saison des récompenses. Si la consommation du sujet (le "buzz") est évaluée à 2000, l'engouement critique est bien plus massif. Le film ne se contente pas de plaire ; il s'impose.

Les Golden Globes 2026, considérés comme l'antichambre des Oscars, ont d'ores et déjà placé le film de Chloé Zhao sur le podium. Selon plusieurs sources, Hamnet a récolté six nominations, se plaçant juste derrière One Battle After Another de Paul Thomas Anderson et Valeur Sentimentale.

Une source rapporte :

"Golden Globes 2026 : 'Wicked : Partie II', 'Hamnet' et 'Sinners' en course pour dominer la cérémonie."

Cette reconnaissance précoce est cruciale. Elle témoigne de la capacité du film à toucher une large audience tout en conservant une intégrité artistique indéniable. Le fait de figurer parmi les "ultra-favoris" aux côtés de blockbusters comme le deuxième opus de Wicked prouve que le drame historique, aussi poignant soit-il, conserve une place de choix dans le paysage cinématographique actuel.

Contexte Historique : De la réalité à la fiction

Pour apprécier pleinement la démarche de Chloé Zhao, il est nécessaire de comprendre le contexte historique qui entoure l'histoire des Shakespeare. Les historiens s'accordent sur les faits bruts : Hamnet Shakespeare est décédé en 1596, probablement de la peste, une maladie qui terrifiait l'Europe de l'époque.

Comme le rappelle une illustration historique souvent citée, William Shakespeare a récité sa pièce Hamlet pour sa famille, tandis que son fils Hamnet l'écoutait. Cependant, la pièce n'a été écrite qu'après sa mort. Cette nuance est essentielle : elle transforme la pièce en un monument funéraire involontaire.

Le film explore ce territoire émotionnel en se demandant comment la perte d'un enfant a pu influencer non seulement la carrière de William, mais aussi la vie d'Agnes, souvent reléguée au second plan dans les livres d'histoire. En adaptant le roman de Maggie O'Farrell, le cinéma retrouve une vérité féminine et domestique souvent occultée par la grandeur du génie masculin.

Réception immédiate et impact culturel

L'impact de Hamnet ne se limite pas aux seules récompenses. Il touche à une sensibilité collective. En France, où le cinéma d'auteur a toujours été chéri, ce film trouve un écho particulier. Il mélange l'esthétique rigoureuse de Zhao (connue pour son travail sur la lumière naturelle et le néo-réalisme) avec une narration classique et puissante.

Les critiques saluent la capacité du film à éviter le didactisme. Il ne s'agit pas d'un cours d'histoire, mais d'une plongée dans l'océan de la douleur. La "dévastation" évoquée par The Irish Times n'est pas de l'ordre du morbide, mais du cathartique. On sort de la salle changé, touché par cette humanité retrouvée.

L'intrigue autour des Golden Globes et des Oscars ajoute une dimension de suspense. S'agit-il du film qui battra les comédies musicales et les thrillers à grand spectacle ? Le fait que Hamnet maintienne une pression aussi forte sur les favoris historiques montre que la critique et les votants ont soif de récits substantiels.