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François Molins : Le Procureur du 13-Novembre, Dix Ans Après
Dix ans après les attentats terroristes du 13 novembre 2015, la figure de François Molins demeure indissociable de la mémoire collective française. Ancien procureur de la République de Paris, son témoignage récent offre une plongée déchirante dans l'enfer judiciaire et humain vécu ce soir-là.
Le visage de l'urgence judiciaire
Lorsque les premières explosions ont retenti près du Stade de France, et que la terreur s'est abattue sur les terrasses du 10ème arrondissement puis dans la salle du Bataclan, François Molins était aux commandes du parquet de Paris. Dans une récente interview accordée à BFMTV à l'occasion des commémorations du 10ème anniversaire, l'ancien magistrat a livré un récit glaçant de ces heures sombres.
« C'était l'horreur absolue. On était face à des scènes de guerre. » — François Molins, ancien procureur de Paris
Cette phrase, prononcée avec une émotion toujours palpable, résume l'état d'esprit qui prévalait au Palais de Justice de Paris. François Molins, qui a été le procureur le plus célèbre de France durant cette période, incarne la réponse de l'État face à la pire vague d'attentats de l'histoire du pays. Ce qu'il a vu, entendu et vécu ce soir-là a marqué une génération de magistrats et de forces de l'ordre.
Le récit d'une nuit d'horreur
Dans son témoignage exclusif pour le "20 Heures" de France 2, François Molins a détaillé la spécificité de l'engagement de ce 13 novembre. Ce n'était pas une enquête classique, mais une gestion de crise au cœur de la tempête.
Les scènes de guerre au Bataclan
Alors que les premiers bilans arrivaient, le procureur a évoqué la difficulté de saisir l'ampleur de la tragédie en temps réel. L'intervention du policier du Bataclan, témoin oculaire de la "terreur dans leurs yeux" (Ouest-France), confirme le chaos décrit par la magistrature. François Molins a dirigé l'action judiciaire depuis le centre de crise, orchestrant les perquisitions, les auditions et le placement sous mandat des complices présumés, comme Salah Abdeslam.
La mémoire face au temps qui passe
Dix ans après, le regard de François Molins s'est aussi porté sur la mémoire des victimes. Il a notamment salué l'initiative de la "course pour la liberté" rendant hommage aux victimes (Le Monde). Pour lui, ces commémorations sont vitales, mais il avoue une certaine inquiétude quant à leur pérennité.
Il redoute que le temps n'émousse la gravité des faits, une crainte partagée par de nombreuses familles de victimes. Le récit récent du jeune garçon qui avait marqué les esprits par sa phrase "C’est pas très gentil les méchants" dix ans après (Le Parisien) montre à quel point ces événements ont imprégné l'inconscient collectif, notamment celui des plus jeunes.
Contexte : De Carcassonne à la Cour de Cassation
Pour comprendre la stature de François Molins, il faut remonter à son parcours. Né à Banyuls-dels-Aspres, ce magistrat de carrière a débuté à Carcassonne avant de grimper les échelons. En 2011, il devient Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Paris, un poste stratégique s'il en est.
Avant le 13 novembre 2015, il était déjà en première ligne contre le terrorisme, gérant les suites des attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. Mais le 13 novembre a cristallisé son héritage. Il a été l'un des premiers à utiliser, dans ses réquisitions, l'expression "terrorisme djihadiste" pour qualifier l'ensemble des attaques, donnant ainsi le cap de l'enquête judiciaire.
Après son passage à la tête du parquet parisien (2011-2018), il a pris les fonctions de Procureur général près la Cour de cassation de 2018 à 2023, avant de prendre sa retraite.
Le lourd tribut psychologique
L'impact immédiat de ces attentats sur la justice française fut monumental, mais l'impact sur l'homme l'est tout autant. François Molins ne cache pas que cette période a laissé des cicatrices indélébiles.
"Je ne pourrai jamais oublier"
Dans ses confidences, l'ancien procureur admet être hanté par des détails glaçants. La vision des corps, le son des sirènes, l'odeur de la poudre... Ces souvenirs forment ce qu'il appelle lui-même une "blessure psychique".
Cette humanité derrière la toge a permis à la justice de rester proche des victimes, mais elle a aussi coûté cher au magistrat. Ce témoignage inscrit l'action publique dans une dimension humaine, loin des clichés de la rigidité judiciaire.
L'héritage judiciaire et la vigilance actuelle
Aujourd'hui, François Molins continue de s'exprimer sur la question du terrorisme. Il est devenu une voix autorisée pour alerter sur les risques de lassitude. Son analyse est claire : la justice antiterroriste exige une vigilance de tous les instants.
La fin d'un cycle ?
En 2023, avec son départ de la Cour de cassation, c'est une page qui se tourne. Cependant, les procès du 13 novembre, qui se sont tenus au Palais de Justice de Paris, ont permis de fixer une jurisprudence importante. L'ancien procureur a su transmettre cette culture de l'indulgence zéro face au terrorisme à ses successeurs.
Les défis futurs
Face à la radicalisation qui continue de progresser sur le net, les enseignements du 13 novembre restent d'une actualité brûlante. François Molins, bien que retraité, reste un observateur attentif. Il sait que la menace est évolution et que l'arsenal juridique français, souvent salué à l'international, doit s'adapter en permanence.
Conclusion
François Molins n'est pas seulement un magistrat qui a géré une crise. Il est le témoin d'une génération qui a dû faire face à l'indicible. À travers ses récits, ses peurs avouées et son combat pour que la mémoire des victimes ne s'efface pas, il nous rappelle que derrière l'institution judiciaire, il y a des hommes et des femmes qui ont tout donné pour protéger la République.
Dix ans après, son message est clair : ne jamais oublier, mais surtout, ne jamais baisser la garde.
"Il est capital de continuer à transmettre aux plus jeunes ce que fut cette journée, pour qu'ils comprennent l'importance de la liberté." — François Molins
Sources : * Le Monde - Commémoration du 13-Novembre * Le Parisien - Retour sur l'émotion du 13 novembre * Ouest-France - Témoignage policier Bataclan * BFMTV / France 2 - Interviews de François Molins (Novembre 2025)
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