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Charles de Gaulle : 55 ans après sa mort, la mémoire d'un colosse toujours présent

Le 9 novembre 1970, la France perdait l'un de ses figures les plus emblématiques, le Général Charles de Gaulle. Cinquante-cinq ans plus tard, bien que les cicatrices de l'Histoire se soient refermées, l'ombre du Général plane toujours sur la République. Une commémoration solennelle s'est tenue ce dimanche à Colombey-les-Deux-Églises, son dernier refuge, pour honorer sa mémoire et interroger la pertinence de son héritage dans le France contemporaine.

Une commémoration digne et discrète à Colombey-les-Deux-Églises

Alors que le pays traverse des turbulences politiques et sociales, l'hommage national aux 55 ans de la disparition du Général de Gaulle a rassemblé les esprits autour de sa tombe, située au cœur du petit village des Hautes-Marne. Selon les informations rapportées par CNews, une cérémonie s'est déroulée ce dimanche pour marquer cet anniversaire poignant.

Cette commémoration, bien que discrète, revêt une importance symbolique majeure. Colombey-les-Deux-Églises n'est pas seulement un lieu géographique ; c'est le symbole d'une retraite choisie, celle d'un homme qui, après avoir conduit la France aux heures les plus sombres, a préféré la simplicité de son domaine de La Boisserie aux fastes du pouvoir. Le choix de cette commune, qui ne compte que quelques centaines d'âmes, pour accueillir les honneurs de la Nation rappelle que la grandeur de de Gaulle résidait aussi dans son humilité territoriale.

Le Gaulle récalcitrant : retour aux sources avec un docufiction inédit

La mémoire du Général ne se nourrit pas que de cérémonies officielles. Elle se réinvente aussi à travers la culture populaire. Ce mardi 11 novembre, la chaîne France 2 a diffusé en prime time un docufiction intitulé "De Gaulle, le commencement". Ce programme, tourné en partie dans les Vosges à Senones en 2024, offre une plongée fascinante dans les années de formation du jeune Charles, de l'École de Saint-Cyr à sa captivité durant la Grande Guerre.

Ce récit biographique met en lumière un aspect souvent occulté : celui d'un jeune officier brillant, mais déjà rebelle aux conventions. Les historiens soulignent que c'est dans les tranchées, et notamment lors de sa blessure et de sa captivité à Douaumont en 1916, que se forge l'ossature morale de l'homme d'État. Comme le rappelle la Fondation Charles de Gaulle, à la déclaration de la guerre en août 1914, le lieutenant de Gaulle rejoint les armées du Nord-Est. Blessé trois fois, laissé pour mort lors de la bataille de Verdun, il survit et devient prisonnier des Allemands. C'est cette épreuve du feu et de l'ennui qui lui permettra, vingt-cinq ans plus tard, de refuser la défaite.

Le 18 Juin : l'acte fondateur d'une résistance morale

Si la jeunesse du Général est aujourd'hui scrutée, c'est avant tout l'acte du 18 Juin 1940 qui définit sa place dans le Panthéon national. Comme le précise l'encyclopédie Larousse, Charles de Gaulle porte le titre de "Général" seulement douze jours. À l'heure où le gouvernement Reynaud s'effondre et où le régime se disloque face à Pétain et au général Weygand, l'officier choisit la rébellion.

Ce n'est pas seulement un acte militaire, mais une rupture morale. Il refuse la fatalité de la défaite et choisit l'exil pour continuer le combat. Cette posture, "l'homme du 18-Juin", devient le fondement de la France Libre et, plus tard, de la Ve République. L'Élysée, dans son hommage officiel, retrace cette vie "de son enfance à Lille à sa mort à Colombey-les-Deux-Églises", soulignant que son engagement fut constant pour préserver "l'indépendance nationale et la grandeur de la France".

L'héritage controversé et toujours vivace

Cinquante-cinq ans après sa mort, Charles de Gaulle reste une figure omniprésente, mais non dépourvue de contestations. La période de la présidence du Général (1959-1969) fut marquée par des crises majeures, notamment la guerre d'Algérie et Mai 68. Pourtant, comme le note Wikipédia, il apparaît "plus d'un demi-siècle après sa mort, comme une figure morale omniprésente dans la vie politique de la Cinquième République".

La classe politique actuelle, quelle que soit son orientation, revendique souvent son héritage. Cependant, une tribune publiée par Ouest-France pose une question pertinente : "Cinquante-cinq ans après la mort du Général de Gaulle, nos responsables politiques devraient se souvenir de ça". L'article suggère que, trop souvent, le mythe éclipse les leçons pratiques de son leadership : la lucidité face aux dangers, le sens de l'État et l'indépendance face aux superpuissances.

Le Général et la foi : une dimension spirituelle

Un aspect méconnu mais essentiel de de Gaulle est sa dimension spirituelle. L'article d'Aleteia souligne que l'homme du 18-Juin laisse deux grandes leçons : "le don du dépassement et l'exhortation à l'espérance". Pour Michel Cool, éditeur et journaliste, de Gaulle était un stratège mais aussi un visionnaire qui croyait en une "certaine idée de la France", transcendée par une foi profonde en une Providence guidant le destin du pays. Cette dimension métaphysique explique son aura particulière et sa capacité à incarner une forme de sacralité républicaine.

Pourquoi Colombey-les-Deux-Églises reste-t-il un lieu de pèlerinage ?

Il est impossible d'évoquer de Gaulle sans s'attarder sur le choix de sa sépulture. Pourquoi ce village perdu des Hautes-Marne ? Comme l'explique un article de synthèse, c'est là qu'il a vécu ses dernières années, loin du bruit des Champs-Élysées, mais au cœur des préoccupations du pays.

La commune de 700 habitants est devenue, contre toute attente, un haut lieu de la mémoire nationale. La commémoration de ce dimanche n'est pas anodine : elle rappelle que la République sait honorer ses grands hommes, même longtemps après leur disparition. C'est un rituel nécessaire pour une nation qui cherche à maintenir sa cohésion autour de valeurs fondatrices.

Conclusion : Un géant jamais dépassé ?

Au-delà des débats partisans, la figure de Charles de Gaulle transcende les générations. Que l'on admire sa résistance ou que l'on critique ses positions conservatrices, nul ne peut nier son impact sur le cours de l'histoire française et internationale.

La diffusion du docufiction sur sa jeunesse et les cérémonies à Colombey-les-Deux-Églises montrent que la curiosité pour l'homme reste intacte. En ces temps d'incertitudes géopolitiques, beaucoup se tournent vers le modèle gaullien, cherchant dans ses discours des clés pour comprendre le présent. Si le Général a choisi le silence de La Boisserie, sa voix résonne encore avec une force remarquable.