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Stellantis, Carlos Tavares et la polémique salariale : un ingénieur gagne-t-il vraiment comme Macron ?
En novembre 2025, Carlos Tavares, PDG de Stellantis, a déclenché une vive polémique en affirmant qu’un ingénieur chez Stellantis gagne autant que le président de la République française, Emmanuel Macron. Une déclaration qui a immédiatement fait le tour des médias, suscité l’indignation des syndicats et relancé le débat sur les inégalités de revenus, la transparence salariale et le rôle des multinationales dans l’économie française.
Mais est-ce vrai ? Un ingénieur junior de Stellantis touche-t-il vraiment 19 000 euros nets par mois, comme l’affirme le PDG ? Et pourquoi cette déclaration, pourtant anodine en apparence, a-t-elle provoqué un tollé général ?
Décortiquons l’affaire, en nous appuyant sur les faits vérifiés, les réactions officielles et le contexte économique qui rend ce débat si sensible.
Les faits : ce qu’a dit Carlos Tavares et les réactions immédiates
Lors d’une intervention publique, Carlos Tavares a déclaré que « un ingénieur chez Stellantis, pas tout à fait débutant, gagne à peu près le même salaire qu’Emmanuel Macron ». Cette phrase, relayée par plusieurs médias dont Orange Actu, Le Figaro et L'Indépendant, a rapidement été perçue comme une provocation.
Le chiffre avancé : 19 000 euros nets par mois, soit environ 228 000 euros nets par an. Pour comparaison, le salaire net du président de la République est officiellement de 15 000 euros par mois, soit 180 000 euros nets annuels, selon les données publiées par l’Élysée.
« C’est un propos totalement erroné, voire irresponsable », a dénoncé le syndicat CFTC, dans un communiqué relayé par L'Indépendant. « Mettre sur le même plan le salaire d’un ingénieur et celui du président de la République, c’est banaliser l’inégalité et ignorer la réalité des conditions de travail des ouvriers et techniciens. »
Le syndicat FO a également réagi, soulignant que « la plupart des ingénieurs chez Stellantis ne touchent pas ce montant, surtout en début de carrière », et que « la déclaration de M. Tavares est une tentative de minimiser les réclamations sociales ».
Mise à jour : ce que disent les médias et les institutions
Depuis l’éclatement de la polémique, plusieurs journaux ont mené des enquêtes pour vérifier la véracité de l’affirmation de Tavares.
Le Figaro : une réalité salariale plus nuancée
Dans une enquête publiée le 3 novembre 2025, Le Figaro s’est penché sur les grilles salariales internes de Stellantis. Selon ses sources, un ingénieur débutant (Bac+5, 0 à 2 ans d’expérience) gagne en moyenne 3 800 à 4 500 euros bruts par mois, soit environ 3 000 à 3 500 euros nets. Un ingénieur confirmé (5 à 10 ans d’expérience) peut atteindre 6 000 à 7 500 euros nets, voire un peu plus avec les primes.
« Le seuil de 19 000 euros nets est extrêmement rare, réservé à des cadres très expérimentés, souvent en poste international ou en direction », explique un ancien responsable RH de l’entreprise, cité par Le Figaro.
Le journal conclut que l’affirmation de Tavares est techniquement fausse si on parle d’un ingénieur "pas tout à fait débutant", mais qu’elle pourrait s’appliquer à une minorité de cadres seniors.
Orange Actu : une stratégie de communication maladroite
Orange Actu souligne que Tavares a probablement voulu minimiser les tensions sociales en montrant que les ingénieurs sont bien payés. Mais cette approche, selon l’article, « a eu l’effet inverse : elle a alimenté la colère des salariés et la méfiance du public ».
« C’est un classique du management technocratique : utiliser des chiffres pour imposer un discours, sans tenir compte du ressenti collectif », commente un expert en communication citée par le site.
L'Indépendant : les syndicats en alerte
Le quotidien régional L'Indépendant rapporte que les syndicats de Stellantis ont déposé une lettre d’alerte auprès du comité social et économique (CSE). Ils exigent une transparence totale sur les grilles salariales et une révision des politiques de rémunération pour les cadres et les techniciens.
« On ne peut pas dire qu’un ingénieur gagne comme le président de la République, puis refuser des augmentations de 3 % aux ouvriers », lance un représentant CGT.
Le contexte : pourquoi ce débat éclate-t-il maintenant ?
Stellantis : un géant industriel sous pression
Stellantis, née de la fusion PSA et Fiat Chrysler en 2021, est l’un des premiers constructeurs automobiles au monde, avec des usines en France, en Italie, aux États-Unis et en Amérique du Sud. En France, l’entreprise emploie plus de 50 000 personnes, dont des milliers d’ingénieurs, techniciens et ouvriers.
Mais depuis 2023, Stellantis traverse une crise sociale croissante : - Grèves répétées pour le pouvoir d’achat - Menaces de fermeture d’usines (notamment à Poissy et Rennes) - Tensions sur les plans de transformation numérique et électrification
Dans ce contexte, les déclarations de Tavares, souvent perçues comme technocratiques et distanciées, alimentent le sentiment d’injustice.
Le salaire du président : un sujet sensible
Le salaire d’Emmanuel Macron est officiellement connu et publié. Il a été baissé de 25 % en 2017, passant de 21 000 à 15 000 euros nets par mois. Ce geste, censé symboliser le partage de la rigueur, est aujourd’hui régulièrement invoqué dans les débats sur les inégalités.
« Quand un PDG compare le salaire de ses cadres à celui du président, c’est un message politique », explique un politiste