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Grève Générale en Italie : Le « Bloquez Tout » Contre le Budget de Meloni
Une onde de choc sociale traverse la péninsule italienne. Mercredi 26 novembre 2025, l'Italie a connu une journée de mobilisation intense à travers un appel à la grève générale. Cette action d'éclat, orchestrée par les principaux syndicats de base, vise à dénoncer le projet de loi de finances 2026 présenté par le gouvernement de Giorgia Meloni.
Le climat est électrique. Des slogans comme « Ce gouvernement a décidé d'investir dans la guerre » résonnent dans les rues de Rome, Milan, Turin et Naples. Au-delà du simple mouvement social, cette grève marque un tournant dans le débat politique italien, cristallisant les tensions autour de l'orientation économique et sociale du pays.
Une Opposition Frontale à la Loi de Finances 2026
Le cœur de la contestation repose sur le projet de loi de finances (Legge di Bilancio) que l'exécutif de droite doit faire passer avant la fin de l'année. Pour les organisations syndicales signataires de l'appel – notamment la CUB, la SGB et la Si Cobas – ce budget est une déclaration de guerre sociale.
La critique principale est le découplage entre les dépenses militaires et les dépenses sociales. Alors que le budget prévoit une augmentation drastique de l'effort de guerre pour s'aligner sur les exigences de l'OTAN, les syndicats dénoncent une politique d'austérité pour les plus pauvres.
Comme le rapporte L'Humanité, le budget est perçu comme une « austérité pour les pauvres et une explosion des dépenses militaires ». Le texte prévoit des coupes dans les services publics, une insuffisance des moyens alloués au welfare et une absence de réelles réformes pour relancer le pouvoir d'achat des travailleurs italiens.
Le Conflit Israël-Gaza au Cœur des Tensions
La dimension internationale du conflit n'est pas étrangère à cette mobilisation. L'un des points d'achoppement majeurs de la grève est le soutien inconditionnel du gouvernement Meloni à Israël dans le conflit contre le Hamas.
Les syndicats de base italiens ont clairement fait le lien entre les dépenses militaires et la situation au Proche-Orient. Dans leur communiqué, ils accusent le gouvernement de « financer la guerre » au détriment des besoins vitaux de la population italienne. Cette position place la mobilisation sociale au cœur d'un débat géopolitique brûlant, faisant écho aux tensions observées dans d'autres pays européens.
« Bloquez Tout » : Une Journée de Paralysie Nationale
L'appel « Bloquez tout » (Blocca tutto) n'était pas une simple métaphore. Mercredi, l'impact a été ressenti dans l'ensemble du pays, comme le confirme le titre de Libération : « En Italie, une grève contre le gouvernement Meloni touche tout le pays ».
Le secteur du transport a été le plus durement touché : * Transports en commun : Grève de 24 heures dans les bus, trams et métros dans de nombreuses grandes villes. * Ferroviaire : Interruptions fréquentes des Trenitalia et Trenord, touchant les navetteurs et les voyageurs à l'approche des fêtes de fin d'année. * Écoles : Blocage des établissements scolaires dans plusieurs régions, avec une grève des enseignants et des personnels administratifs.
Le secteur logistique, particulièrement actif en Italie du Nord, a également connu des perturbations majeures, avec des blocages d'autoroutes et des grèves dans les hubs de distribution.
Contexte : L'Italie sous Tension
Pour comprendre la virulence de cette grève, il faut regarder le contexte socio-économique italien. Le pays traverse une période de fragilité économique, avec un pouvoir d'achat qui n'a pas retrouvé ses niveaux d'avant-crise.
Le gouvernement Meloni, au pouvoir depuis fin 2022, a promis de défendre les "Italiens d'abord". Cependant, la réalité budgétaire, contrainte par les règles européennes et le contexte géopolitique, pousse à des choix difficiles. L'augmentation de la dépense militaire (qui devrait atteindre 2% du PIB, conformément aux standards OTAN) est perçue par une partie de la population comme un choix politique idéologique plutôt qu'une nécessité de sécurité.
C'est ce sentiment de trahison qui anime les manifestants. Ce n'est pas seulement une grève pour le salaire, c'est une grève contre la direction que prend le pays.
Effets Immédiats et Réaction du Gouvernement
Les effets de cette journée de grève sont avant tout symboliques et politiques. Le gouvernement a tenté de minimiser l'impact, arguant que les grands syndicats confédérés (CGIL, CISL, UIL) n'avaient pas rejoint l'appel. Cependant, l'ampleur des perturbations dans les transports et la couverture médiatique internationale ont obligé l'exécutif à réagir.
L'opposition de gauche (Parti Démocrate, AVS) a saisi l'occasion pour attaquer le ministre de l'Économie, Giancarlo Giorgetti, lors des débats parlementaires. La question du "déficit militaire" est devenue un argument politique de premier plan.
D'un point de vue économique, l'impact est limité sur une seule journée, mais il envoie un signal inquiétant pour les investisseurs : l'Italie reste un pays à haut risque de conflit social, surtout si les réformes fiscales touchent les classes moyennes.
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Perspectives : Un Hiver Social ?
Cette grève est-elle le prélude à un mouvement plus vaste ? Les syndicats de base ont annoncé qu'il s'agissait d'une première étape. Le calendrier est chargé : le vote définitif du budget à la Chambre et au Sénat devrait avoir lieu mi-décembre.
Plusieurs scénarios sont envisageables : 1. La poursuite des mobilisations : Si le budget est voté sans amendements majeurs, de nouvelles grèves sont probables, peut-être dès le mois de janvier. 2. La division syndicale : Le gouvernement pourrait tenter de négocier avec les grands syndicats (CGIL, CISL) pour isoler les syndicats de base plus radicaux. 3. L'impact politique : Si la mobilisation s'essouffle, le gouvernement Meloni pourrait sortir renforcé. À l'inverse, une perte de soutien populaire pourrait fragiliser sa majorité parlementaire déjà hétéroclite.
Conclusion
La grève générale du 26 novembre 2025 en Italie dépasse le cadre d'une simple contestation sociale. Elle révèle une fracture profonde sur le modèle de société que l'Italie souhaite construire.
Entre ceux qui priorisent la sécurité géopolitique et l'investissement militaire, et ceux qui réclament une protection sociale forte face à la crise économique, le fossé se creuse. Le "Bloquez tout" a réussi son pari : il a forcé l'Italie et l'Europe à regarder la réalité du budget de Giorgia Meloni en face. L'hiver s'annonce tendu sur la botte.