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Grève à la Sara en Martinique : blocage total des camions, le point sur la situation

Une tension palpable s'est emparée de l'île de la Martinique depuis l'annonce d'un préavis de grève à la Société Anonyme de la Raffinerie (Sara). La menace d'un blocage des sorties de camions a immédiatement déclenché une réaction en chaîne au niveau des stations-service, où les automobilistes se sont rués pour faire le plein. Cette situation, potentiellement lourde de conséquences pour l'économie locale et la vie quotidienne des Martiniquais, repose sur un bras de fer entre la direction de la raffinerie et les syndicats.

Le cœur de la crise : un préavis de grève qui fait date

Le conflit actuel à la Sara n'est pas né d'hier, mais il entre dans une phase critique avec le dépôt d'un préavis de grève par la CGTM (Confédération Générale du Travail Martiniquaise). L'élément déclencheur est le refus de la direction de verser une prime de fin d'année, appelée "prime de partage des profits" (PPV), à ses salariés. Cette décision a été vécue comme une provocation par le syndicat, qui dénonce une situation sociale dégradée au sein de l'entreprise.

Face à ce refus, la CGTM a annoncé un "blocage total des sorties de camions" à compter du 28 novembre. Cette stratégie vise à paralyser l'activité de la raffinerie en empêchant l'expédition des produits pétroliers raffinés vers les dépôts et, in fine, vers les stations-service.

Camions bloqués à la sortie de la raffinerie Sara en Martinique

« Aucun camion ne sortira de la Sara. C'est la grève à la raffinerie. » - Extrait du communiqué de la CGTM, rapporté par Martinique France Antilles.

Cette annonce a eu un effet immédiat sur la population. Craignant une pénurie de carburant, de nombreux Martiniquais ont afflué vers les stations-service pour remplir leurs réservoirs et leurs bidons, provoquant des files d'attente considérables et, dans certains cas, des ruptures de stock sur certains carburants.

Chronologie des événements : une escalade rapide

Pour bien comprendre la situation, il est essentiel de remonter le fil des dernières heures qui ont mené à cette crise ouverte.

  1. Le Déclencheur : La direction de la Sara annonce qu'elle ne versera pas la prime de fin d'année (PPV) aux salariés, une décision motivée selon elle par la situation financière de l'entreprise.
  2. La Réaction Syndicale : La CGTM, principal syndicat de l'entreprise, qualifie cette décision d'inacceptable et exige le maintien du pouvoir d'achat pour les travailleurs. Les négociations échouent.
  3. L'Annonce du Blocage : Le syndicat dépose un préavis de grève avec une menace de blocage total des sorties de camions, fixant le début de l'action au 28 novembre. Comme le rapporte ZayActu, la CGTM est très ferme sur ce point.
  4. La Ruée vers les Stations : Pris d'assaut, les distributeurs de carburant voient leurs files d'attente s'allonger. La Préfecture de Martinique, alertée, suit la situation de près et publie des consignes de bon usage pour éviter la panique.
  5. La Mise en Demeure : La direction de la Sara, par la voix de son directeur général, a mis en demeure les grévistes pour "troubles anormaux" et "entrave à la liberté du travail", exigeant la levée du blocage sous 24 heures, comme le relate La 1ère.

« La direction de la Sara a décidé de ne pas verser la prime de partage des profits (PPV) [...] Cette décision est inacceptable pour la CGTM qui dénonce une situation sociale dégradée. » - La 1ère

Contexte : La Sara, un acteur stratégique en butte à des défis récurrents

La Société Anonyme de la Raffinerie (Sara) est bien plus qu'une simple usine. C'est un pilier de l'économie et de l'approvisionnement de la Martinique. Située à Lamentin, elle est le seul site de raffinage de pétrole des Antilles françaises. Son bon fonctionnement est vital pour l'île, mais aussi pour les départements voisins comme la Guadeloupe et Saint-Martin.

Cependant, la Sara a connu une trajectoire difficile ces dernières années. Elle a été placée en redressement judiciaire en 2019 avant d'être reprise par le groupe pétrolier torontois "Caribbean Petroleum Corporation" (CBC). Cette reprise n'a pas résolu tous les problèmes. L'entreprise fait face à une concurrence féroce sur le marché caraïbéen, à des défis d'optimisation de sa production et à une dette structurelle.

Les revendications salariales et les grèves ne sont pas nouvelles à la Sara. L'histoire sociale de la raffinerie est marquée par de nombreux conflits, souvent liés à la PPV, qui constitue un élément majeur de la rémunération des salariés. Pour les syndicats, cette prime n'est pas un bonus mais un droit, une part des bénéfices générés par leur travail. Pour la direction, dans un contexte économique tendu, il est parfois difficile de satisfaire ces exigences sans mettre en péril la pérennité de l'entreprise.

Impacts immédiats : l'économie et la société sous tension

Les conséquences du blocage à la Sara se font déjà durement sentir sur l'île.

  • Pénurie de carburant : C'est l'impact le plus visible et le plus immédiat. Si le blocage perdure, les stocks des dépôts s'épuiseront, et les stations-service seront à court de carburant. Cela affecterait non seulement les particuliers pour leurs déplacements, mais aussi l'ensemble du tissu économique : transports de marchandises, livraisons, transports en commun, engins agricoles...
  • Paralysie des activités : Au-delà de l'essence et du gazole, la Sara fournit aussi du gaz liquéfié (GLP), utilisé pour la cuisson et l'eau chaude. Une rupture d'approvisionnement en gaz aurait un impact direct sur les foyers et les restaurants.
  • Tensions sociales : La panique à la pompe a créé des tensions dans la population. Certains automobilistes ont multiplié les remplissages, aggravant la pénurie pour les autres. La Préfecture a dû intervenir pour demander à chacun de faire preuve de modération.

Files d'attente importantes aux stations-service en Martinique

« Nous appelons la population à la plus grande vigilance et à ne remplir que les réservoirs de leurs véhicules, sans constituer de stocks inutiles. » - Appel de la Préfecture de Martinique relayé par La 1ère.

Quel avenir pour ce conflit ? Scénarios et risques

À court terme, le bras de fer semble total. La direction a mis en demeure les grévistes, mais la CGTM est déterminée à maintenir la pression. Plusieurs scénarios sont envisageables :

  1. La sortie de crise par la négociation : C'est l'option la plus souhaitée. Une médiation pourrait être mise en place pour trouver un compromis. La direction pourrait accepter de verser une prime, peut-être inférieure à celle demandée, tandis que les syndicats pourraient revoir