guinée bissau
Failed to load visualization
Guinée-Bissau : Tirs près du palais présidentiel, Umaro Sissoco Embaló annonce son arrestation
Bissau a été le théâtre d'une journée de chaos militaire ce mercredi 26 novembre. Alors que le pays attendait avec une anxiété croissante les résultats officiels du double scrutin présidentiel et législatif du 23 novembre, des coups de feu ont retenti autour du palais présidentiel, plongeant la nation ouest-africaine dans l'incertitude la plus totale. Le président sortant, Umaro Sissoco Embaló, a affirmé avoir été arrêté par les militaires, déclarant être la victime d'une tentative de coup d'État.
Une atmosphère de tension extrême s'est emparée de la capitale, Bissau, ce mercredi. Trois jours après le vote, alors que la Commission électorale nationale (CENI) peinait à annonter les résultats définitifs, la situation a brutalement dégénéré. Selon des témoignages concordants rapportés par des journalistes de l'AFP et des médias locaux, des tirs nourris ont éclaté en milieu de journée aux abords du palais présidentiel. En quelques heures, des hommes en tenues militaires ont pris le contrôle des accès stratégiques, notamment la principale artère menant à la résidence du chef de l'État.
Une journée de terreur et d'incertitude
Les premières heures de l'après-midi ont été marquées par la confusion. Des résidents et des témoins ont rapporté avoir vu des véhicules militaires encerclant le palais, tandis que des soldats armés prenaient position sur les places publiques et aux carrefours. Le bruit des tirs, bien que sporadique, a suffi à paralyser une ville déjà habituée aux soubresauts de sa vie politique.
C'est dans ce contexte de chaos émergent que la nouvelle la plus choquante a fait surface : le président Umaro Sissoco Embaló aurait été placé en détention. Dans un message audio envoyé à ses proches et relayé par des médias internationaux, le chef de l'État a déclaré être une victime d'un coup d'État.
« J'ai été arrêté au palais présidentiel par des militaires. Ils ont pris le contrôle total du pays. » Extrait du message attribué au président Umaro Sissoco Embaló
Cette déclaration sonne comme un électrochoc pour une nation qui espérait tourner la page de l'instabilité. En effet, la situation électorale était déjà explosive avant même que les balles ne sifflent. Les deux principaux camps, celui du président sortant et celui de l'opposition, avaient tous deux revendiqué la victoire dimanche soir, alimentant un climat de défiance.
Contexte : Un scrutin sous haute tension
Pour comprendre la gravité des événements de ce mercredi, il faut remonter au scrutin du 23 novembre. Cette élection était cruciale pour Umaro Sissoco Embaló, qui ambitionnait d'entamer un second mandat après une première période marquée par des défis économiques et sécuritaires. Cependant, le scrutin s'est déroulé dans une atmosphère électrique.
Dès la clôture du vote, le camp présidentiel s'est autoproclamé vainqueur avec une large avance. En face, l'opposition, menée notamment par le Parti pour la Guinée-Bissau (PGB), a dénoncé des « fraudes massives » et a également revendiqué la victoire. Cette situation de "fait accompli" de part et d'autre a créé un vide politique dangereux, la Commission électorale tardant à fournir des chiffres officiels et définitifs, notamment pour les législatives qui se tenaient en même temps.
Ce blocage a ouvert la porte à une intervention militaire, une possibilité qui plane sur la Guinée-Bissau comme une ombre depuis des décennies.
La spectre de l'instabilité chronique
La Guinée-Bissau, petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest, est malheureusement célèbre pour son instabilité politique chronique depuis son indépendance du Portugal en 1974. Le pays a connu une succession de coups d'État, de tentatives de putsch et d'assassinats politiques qui ont entravé son développement. La scène politique locale est souvent décrite comme étant dominée par des rivalités personnelles et des factions au sein de l'armée, plutôt que par des débats idéologiques structurés.
Historiquement, l'armée a joué un rôle politique prépondérant, intervenant à plusieurs reprises pour destituer des dirigeants. La période de 1998-1999, marquée par une violente guerre civile, reste une cicatrice fraîche dans la mémoire collective des Bissau-Guinéens. Malgré des tentatives de consolidation démocratique, la fragilité des institutions reste la norme. Le fait que les élections du 23 novembre aient été reportées à plusieurs reprises par le président Embaló avant de se tenir témoigne déjà de cette instabilité latente.
Selon le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères français, la scène politique reste polarisée entre le président et l'opposition, avec une armée souvent tentée de jouer les arbitres. La déclaration du président Embaló, affirmant que « plusieurs hauts responsables du gouvernement » sont également détenus avec lui, suggère que cette intervention vise le cœur de l'État.
Impacts immédiats : Économie et diplomatie sous chock
Les conséquences de ces événements se font déjà sentir, bien au-delà du seul palais présidentiel.
Fermeture et paralysie : L'activité à Bissau s'est en grande partie arrêtée. Les commerces ont fermé leurs portes, les écoles et les administrations publiques sont vides. La population, terrée chez elle, attend dans une inquiétude palpable. La circulation est quasi inexistante, remplacée par la présence massive des forces de sécurité.
Le poids de la "Cocaïne-État" : La Guinée-Bissau est souvent tristement associée au trafic de drogue, au point d'être qualifiée par certains experts de « narco-État » ou de « Cocaïne-État ». Le pays sert de plaque tournante pour le trafic de cocaïne entre l'Amérique latine et l'Europe. L'instabilité politique est un terreau fertile pour ces réseaux criminels qui prospèrent dans le chaos. Toute perturbation du pouvoir central ou des forces de sécurité peut avoir des répercussions sur les flux illicites, bien que cela reste difficile à vérifier en temps réel.
Réactions internationales : La communauté internationale a réagi avec une vive préoccupation. L'Union Africaine (UA) et la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont immédiatement appelé au calme et exhorté les militaires à respecter l'ordre constitutionnel. Ces organisations régionales ont été très actives ces dernières années pour tenter d'enrayer le phénomène des coups d'État en Afrique de l'Ouest (cf. les cas récents au Mali, au Burkina Faso ou au Niger). La France, à travers son ministère des Affaires étrangères, a également condamné cette « tentative de prise de pouvoir par la force ».
Perspectives d'avenir : Quels scénarios ?
À l'heure où nous publions cet article, l'avenir de la Guinée-Bissau est incertain. Plusieurs scénarios sont envisageables, bien que les précédents historiques suggèrent une difficulté à retourner au statu quo ante rapidement.
- L'installation d'une junte : Si les militaires qui ont mené l'opération sont unis et déterminés, ils pourraient tenter d'installer une transition militaire, mettant de côté toute l'architecture politique. C'est le scénario qui s'est récemment imposé dans plusieurs pays du Sah
Related News
More References
Guinée-Bissau: l'armée déployée autour du palais présidentiel, des tirs entendus
Des tirs ont été entendus, ce mercredi 26 novembre, près du palais présidentiel de Guinée-Bissau et des hommes en tenues militaires ont pris possession de la principale artère menant vers le palais. U
Guinée-Bissau : le président Umaro Embaló arrêté par l'armée
Un coup de force militaire survient après la présidentielle du 23 novembre.Le président sortant de Guinée-Bissau
Guinée-Bissau : des tirs entendus près du palais présidentiel trois jours après les élections
Des tirs ont éclaté mercredi en milieu de journée près du palais présidentiel en Guinée-Bissau, rapportent des journalistes de l'AFP, alors que les deux camps ont revendiqué leur victoire aux élection
EN DIRECT : Coup d'État en cours en Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló arrêté
Le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló affirme avoir été arrêté au palais présidentiel lors d'un « coup d'État » et dit que plusieurs hauts
Tentative de coup d'État en Guinée-Bissau : Le Président Embaló annonce son arrestation, des tirs en
La situation politique en Guinée-Bissau a basculé dans la violence ce mercredi, après la tenue de l'élection présidentielle de dimanche dernier.