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Cherbourg : la voie ferrée d’Orano, un renouveau stratégique pour le transport du futur
Un pas décisif vers une logistique nucléaire plus fluide
Dans le port de Cherbourg, un chantier silencieux mais d’envergure vient de marquer un tournant dans la gestion du transport des matières nucléaires. La réhabilitation d’une voie ferrée sur le port de Cherbourg, destinée à accueillir la TN Eagle d’Orano, a été officiellement lancée. Cette initiative, relayée par Actu.fr et Le Marin, souligne l’engagement d’Orano dans une logistique plus sécurisée, plus durable et plus efficace pour le transport des combustibles nucléaires usagés et des matières fissiles.
La TN Eagle, un navire spécialement conçu pour le transport maritime de matières nucléaires sensibles, est au cœur de cette opération. Depuis des années, Orano utilise ce navire pour acheminer des colis radioactifs entre la France et l’étranger, notamment vers la République tchèque ou la Belgique. Or, jusqu’à présent, une partie du trajet final se faisait par route, avec des convois sécurisés qui traversaient les zones portuaires. La réouverture de cette voie ferrée vise à réduire drastiquement les transferts routiers, une mesure qui allie sécurité, environnement et efficacité industrielle.
« La voie ferrée réhabilitée permettra à la TN Eagle de décharger directement sur rail, éliminant ainsi les risques liés au transport routier en zone portuaire », explique un porteur de projet anonyme cité par Le Marin.
Cette modernisation n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans une stratégie plus large d’Orano pour décarboner ses chaînes logistiques et renforcer la résilience de ses opérations critiques. Et avec un trafic annuel estimé à près de 1 000 mouvements (selon les données de buzz disponibles), l’impact de cette infrastructure pourrait être significatif à l’échelle nationale.
Ce qui s’est passé récemment : une chronologie officielle
Les dernières semaines ont été marquées par des annonces précises et des avancées concrètes, bien que les détails techniques restent encore partiellement couverts par la confidentialité industrielle.
🔹 Octobre 2024 : la réhabilitation confirmée
Actu.fr a révélé que la voie ferrée située sur le quai sud du port de Cherbourg avait été entièrement réhabilitée après des mois de travaux. Les rails, les appareillages de voie et les zones de déchargement ont été modernisés pour accueillir la TN Eagle avec un niveau de sécurité conforme aux normes internationales de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique).
Les travaux ont été menés en partenariat entre Orano, la Société du Port de Cherbourg (SPC) et la SNCF Réseau, bien que les coûts exacts n’aient pas été divulgués. Toutefois, selon des sources proches du dossier citées par Le Marin, l’investissement s’élèverait à plusieurs millions d’euros, financés en grande partie par Orano dans le cadre de son plan de modernisation des flux logistiques.
🔹 Novembre 2024 : les premiers essais en conditions réelles
Des tests de déchargement simulés ont été effectués en présence de représentants d’Orano, de la DREAL Normandie et de la préfecture maritime. L’objectif ? Vérifier que la voie permette un transfert fluide des conteneurs nucléaires entre le navire et les wagons ferroviaires sans intervention routière.
« Le système de transfert a été validé sur site. Les premiers déchargements réels sont attendus d’ici la fin de l’année », indique un communiqué diffusé par la SPC.
🔹 Début 2025 : vers un prolongement ?
Le Marin a révélé un projet encore plus ambitieux : un prolongement de la voie ferrée vers d’autres secteurs portuaires, notamment ceux dédiés aux activités de démantèlement nucléaire (comme celles liées à l’ancienne base sous-marine de la Marine nationale). Ce projet, en cours d’étude, pourrait permettre à Orano d’étendre son usage du rail pour d’autres opérations, comme le transport de déchets nucléaires vers les installations de traitement de La Hague (Manche).
« Ce prolongement n’est pas encore approuvé, mais il fait l’objet de discussions sérieuses avec les autorités compétentes », précise un cadre d’Orano, cité par Le Marin.
Pourquoi cette infrastructure change la donne ? Le contexte industriel et historique
Cherbourg n’est pas n’importe quel port. Depuis les années 1970, la ville est un pilier stratégique du nucléaire français. Le port a longtemps servi de point d’entrée pour les sous-marins nucléaires, puis est devenu un site clé pour la gestion des déchets radioactifs et le démantèlement des installations nucléaires.
Orano, anciennement Areva, a investi massivement dans la région depuis les années 2000. Avec ses sites de La Hague (traitement du combustible usé) et Melox (fabrication de MOX), la filiale logistique d’Orano gère chaque année des centaines de tonnes de matières nucléaires en transit.
Historiquement, le transport de ces matières s’effectuait par route + mer, avec des convois blindés qui quittaient La Hague pour rejoindre Cherbourg, puis embarquaient sur la TN Eagle. Cette solution, bien que sécurisée, posait plusieurs problèmes :
- Risques de congestion urbaine dans les zones portuaires
- Exposition accrue aux aléas du trafic routier (accidents, retards)
- Empreinte carbone plus élevée comparée au rail
- Sensibilité accrue des opérations aux perturbations sociales (grèves, manifestations)
Le rail, lui, offre une alternative plus sûre, plus fiable et moins visible. En effet, le transport ferroviaire des matières nucléaires est encadré par des protocoles stricts de sûreté, avec des convois spécialement équipés, des itinéraires dédiés et une surveillance renforcée par la DGAC (Direction générale de l’armement) et la DGSI.
« Le rail est le mode de transport le plus adapté pour les matières nucléaires sensibles. Il réduit les points de transfert, les temps d’arrêt et les risques de sabotage ou d’accident », explique un expert en logistique nucléaire, anonyme pour des raisons de sécurité.
Cette réhabilitation de la voie ferrée à Cherbourg s’inscrit donc dans une tendance nationale : la ferroviarisation du nucléaire. En 2023, la SNCF a lancé un plan de